Ils partaient pour la guerre fraiche et joyeuse...

...ils ont connu la plus grande boucherie de l'histoire.


Certains trouveront les scènes de combat trop longues, ou se plaindront du jeu des acteurs pas suffisamment professionnel. Mais on n'a jamais montré la guerre de tranchées comme ça, cette proximité avec les soldats, la tension permanente, les pénuries d'eau de sommeil,...


Il y a sans doute de l'emphase dans cette démonstration avec par exemple dès le début ces colonnes de soldats au garde à vous qui sont remplacés en fondu-enchainé par des alignements de croix de bois à perte de vue, ou ce défilé des survivants d'une attaque qu'ils ont gagnée pendant qu'on voit en surimpression le défilé des morts.


Mais ce film raconte votre histoire, pas seulement celle de votre pays, mais celle de votre famille, car il y avait vos arrières grands-pères et arrières grands-oncles. Beaucoup y sont morts.
Regardez ce film, lisez "Les croix de bois de Roland Dorgelès et sa suite "le cabaret de la belle femme". Lisez aussi la version allemande "A l'ouest, rien de nouveau" d'Erich Maria Remarque.


Aujourd'hui, il n'y a plus de survivants, mais vos parents ou grands-parents se sont fait raconter leur guerre par ceux qui y étaient. Demandez-leur de vous le raconter. C'est l'histoire récente, c'est votre histoire. C'est de là que vous venez.


Mes deux grands-pères ont fait cette guerre. L'un était déjà âgé de 40 ans et père de trois enfants. Il a donc été dans les "territoriaux" et a sans doute été moins engagé que l'autre. Je ne l'ai pas connu, mais j'ai connu un vieux du village qui avait servi dans le même régiment. Lors d'une attaque française, ce vieux été blessé par une rafale de mitrailleuse qui lui a brisé le fémur près des lignes allemandes. L'attaque française a été repoussée. Il a fait le mort deux jours, puis les français ont lancé une nouvelle attaque. Il a profité de l'élan des français qui passaient la première tranchée pour attaquer la seconde ligne allemande pour se laisser tomber parmi les premiers dans la tranchée allemande et tuer les boches qui se trouvaient là à la baïonnette, puis les infirmiers sont arrivés et l'on ramené vers l'arrière où on lui a coupé la jambe.


Mon autre grand-père était étudiant. A la déclaration de guerre, il a devancé l'appel et s'est engagé. Il a donc été incorporé dans un régiment pré-existant et entrainé qui fut utilisé comme régiment de choc. Engagé comme deuxième classe, il a fini capitaine par le jeu des promotions très rapides. L'effectif de son régiment a été entièrement renouvelé 2,8 fois. Il a été engagé à peu près partout. Il a été blessé plusieurs fois, notamment un éclat d'obus lui est resté incrusté dans le crâne. Lors d'une offensive allemande, un bombardement intense de trois jours de leurs positions a retourné chaque centimètre carré de terre plusieurs fois, il ne restait plus un arbre, plus une touffe d'herbe. Les allemands se sont avancés surs qu'il ne restait plus personne de vivant, mais des hommes sortaient du sol avec leurs mitrailleuses et résistaient mais, trop rares, ils n'ont pas pu arrêter les schleus. Le soir une équipe de gazage est venue installer son matériel au-dessus du trou de 7 ou 8 mètres où mon grand-père et quelques-uns de ses copains étaient réfugiés. Miraculeusement, ils ont réussi à s'en sortir grâce à une grenade lancée depuis le fond sans toucher les parois et qui a explosé juste en sortant du trou tuant tous les boches occupés à installer leurs tuyaux. Profitant de la nuit, ils réussirent à regagner les lignes françaises avant que les positions soient bien établies.
Il a eu froid, il a eu faim, il a eu soif, il a bu son urine dans son casque. Il s'est battu au couteau, à quatre pattes dans les galeries de mines et contre-mines...
Lors de la seconde offensive allemande sur la Marne, l'état major français avait compris l'importance de garder des hommes pour maintenir ses effectifs. Ils envoyèrent un officier sur chaque pont de la Marne pour le faire sauter, mais pour récupérer toutes les troupes en retraite, ils devaient rester sur le pont et laisser passer tous les soldats français ou alliés. Pour ne pas risquer de laisser prendre le pont, ils devaient se faire sauter dès l'arrivée des premiers allemands. Mon grand-père était lieutenant à ce moment. Un pont lui fut attribué. Toute la nuit, il a entendu les explosions des ponts qui sautaient et se rapprochaient. Aucun officier ne s'est dérobé. Toute l'armée allemande a défilé sur sa gauche. Son pont fut le 1er à ne pas voir un allemand. Le matin, il avait les cheveux blancs.
Je me souviens de ce vieux monsieur (il avait alors 55 ans) solide avec les cheveux drus, tous blancs à l'exception d'une curieuse touffe noire.


Ce que ces hommes ont vécu est inimaginable pour nos générations qui n'ont connu que le confort.
Faites comme moi, interrogez vos anciens.
Mais vous pouvez aussi rechercher l'historique de tel ou tel régiment sur internet.

-Marc-
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le 24 févr. 2014

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-Marc-

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