"I'm not in love / It's just a silly phase i'm going through"

Et paf, moi aussi j'emprunte mon titre à la B.O. ! Y'a pas de raison...

En plus, je devrais surement reprendre également des tas de formules dithyrambiques déjà usées par d'autres pour dire tout le bien que je pense de ce film (mais en prenant toutefois bien garde de ne pas parler de B.O. des années 80 comme beaucoup, puisque celle-ci est essentiellement 70's)...

Je pourrais parler des imbécillités liées à la vf désastreuse, qui cite Jack Sparrow et traduit "Milano" en "Milan" alors que c'est une référence à Alyssa Milano de "Madame est servie"/"Who's the boss" (là, pour le coup, il s'agit bien des années 80 !)... Mais j'ai échappé à "ça" en rongeant mon frein pendant mes vacances en province, refusant de voir ce "Gardiens de la Galaxie" doublé, et attendant patiemment mon retour sur Paris (alors même que mes réseaux sociaux se remplissaient de commentaires de potes enthousiastes : la torture !)...
Alors maintenant que ce film est vu (et adoré), je vais en parler, y compris avec quelques mini-spoiler (donc soyez prévenus ; de toutes façon il est préférable d'avoir vu le film pour évaluer la validité des propos qui suivent)...

Et je vais même, oserais-je, tenter de faire beaucoup mieux que de juste donner un avis subjectif : je vais vous en parler en proposant une petite analyse de film, en particulier de l'introduction...

Voyez vous, ce que je trouve remarquable dans ce film, c’est que beaucoup de « jokes » et de "gimmicks" reposent sur une vraie base émotionnelle. Car les personnages cachent tous sous leur gouaille et leur attitude provocatrice de véritables souffrances. Lorsque Rocket le raton laveur est saoul, il expose toute sa douleur et ses complexes de créature mutilée et dénaturée. Gamora et Drax sont tous deux des êtres qui ont tout perdu. Seul Groot semble ne pas en avoir gros (et encore, sa solitude d'être unique au monde comme le fait remarquer le Collector doit bien lui peser quelque part)...
Mais le coeur du film, c'est Peter Quill. Et les gimmicks qui lui sont liées (l’importance du walkman, l'utilisation de l’awesome-mix, et jusqu’au surnom revendiqué de « Star Lord » comme on le découvre à la fin) sont tous sous-tendus par le premier moment du film, la toute première scène, à savoir la mort de sa mère… Une scène sans humour, sans "jokes", émouvante et dure... Et pour cause :

Avez vous remarqué que le logo animé « Marvel » n’apparaît qu’après cette scène ?...

D'ordinaire, dans tous les autres films Marvel, le logo est là dès le tout début... Cette scène antérieure à l'apparition du logo est me semble t-il essentielle au film, et si elle est, certes, mélodramatique (et un peu poussive dans la caractérisation du héros qui protège les grenouilles), elle est aussi terriblement réaliste : la mère est extrêmement maigre, en bout du bout de phase terminale, si chauve et décharnée que ça en est presque troublant pour un film très grand public (d'accord elle reste belle et sans assistance respiratoire mais quand même l'image est plutôt dure). La réaction du gamin qui refuse de prendre la main de sa mère est tellement humaine ("i'm not in love" de 10CC ouvre la scène comme une illustration du refus de l'enfant de reconnaître cet amour maternel qui va tant le faire souffrir en disparaissant), tellement réaliste (un enfant ne réagit pas selon les conventions et ne fait pas instantanément ce que tout adulte normal ferait, à savoir saisir cette main implorant un dernier contact. Il se laisse contrôler par la peur/le dégout/la douleur/l'égoïsme)... Et la détresse de ce gosse qui hurle son refus est déchirante…

Bref cette scène, la seule qui se passe sur Terre, est le réel dans toute sa cruauté et sa désespérance. Peter s’enfuit, et ce n’est que lorsque la lumière du vaisseau l’illumine, lorsque le merveilleux entre en scène, que là, le logo Marvel se déroule, comme une séparation entre le réel et l’imaginaire, entre la douleur et le « fun » qui habite le reste du film.

En j'en viens à une lecture un peu plus « META » du script : tout le film n’est que le refuge imaginaire (estampillé Marvel) que ce gosse se crée dans sa tête pour fuir le réel (et je repense à un épisode de Buffy où elle se réveille dans un hôpital psychiatrique et où on cherche à la convaincre que toute la série n’est qu’un délire pour fuir loin du monde. On peut aussi penser à d’autres références comme Sucker Punch ou même Total Recall, mais Buffy étant une création de Whedon, « parrain » de Gunn auprès de Marvel, ça me semble bienvenu)…

Ouaip… Pour moi, c'était vraiment un bon film...

Merci James Guun, et pourvu que d'autre gens talentueux viennent prendre les commandes des films Marvel Studio dans le futur et qu'ils aient (relativement) les coudés franches (et oui je pense au départ de Edgar Wright de AntMan : too bad !)...

Salut les geeks (et les autres) !
Ugus
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le 31 août 2014

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Ugus

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