« Les Kaïra » est sorti dans les salles le onze juillet dernier. D’une durée d’environ une heure et demie, il est réalisé par Franck Gastambide. Il occupe d’ailleurs un des trois principaux avec Medi Sadoun et Jib Pochtier. Lors de sa sortie, j’ai appris que ce film était le prolongement d’une série qui avait vu le jour sur le net. Je n’en avais jamais entendu parler avant l’apparition de son adaptation cinématographique. L’affiche nous présente trois jeunes de banlieue souriant. Leur portrait est surmonté par le texte « De Melun à Hollywood ». Tout un programme !
Le site Allocine (www.allocine.fr) propose le synopsis suivant : « Mousten, Abdelkrim et Momo sont trois potes d’enfance qui ont toujours vécu dans leur cité de Melun. Casquettes enfoncées sur la tête et baskets aux pieds, tous les trois ont le même problème : désespérément célibataires, ils passent leurs journées à laisser s’écouler leurs vies, sans motivation ni ambition. Jusqu’au jour où ils découvrent une annonce dans un magazine porno qui propose un casting pour devenir une « Star du X ». En galère de filles et d’argent, la quête de ce qui leur semble être alors le meilleur métier du monde va se transformer en un parcours initiatique et devenir la plus importante aventure de leurs vies. »
Je trouve l’idée assez unique : des jeunes de banlieue veulent devenir acteur porno. Tout adepte de comédie ne peut être qu’attentif à une idée telle que celle-là. Après, il reste à voir ce que cela donne. Une autre de mes craintes concernait la vision qu’on allait découvrir de la banlieue. Allait-on tomber dans les clichés sociologiques dans un sens ou dans un autre ? J’étais donc curieux de voir ce que valait « Les Kaîra ». Je n’avais pas d’attente quant à la qualité de la réalisation. Par contre, j’étais plein d’espoir quant aux vannes ou au comique de situation. Si les dialogues et les acteurs sont bons, la trame peut donner lieu à de vrais bons moments.
La première réussite à mes yeux concerne le casting du trio principal. Les trois héros montrent une vraie complicité et incarnent parfaitement leurs personnages respectifs. Ils ne sont ni des surdoués ni des dealers. Ils sont des potes qui n’arrivent pas grandir. Ils ont la même vie depuis qu’ils sont adolescents. Ils sont plein de rêves. Mais ils n’ont pas la conviction ni la volonté pour essayer de les réaliser. Bref, ils sont normaux. Mais surtout, ils sont sympathiques. Cela fait qu’on est plutôt de bonne humeur en suivant leurs aventures. Le bémol est que les seconds rôles sont quand même moins bons. Les personnages féminins sont bâclés et très mal interprétés. C’est dommage.
Enfin, une fois nos trois héros présentés, il est alors temps de nous plonger dans leur projet : devenir des stars du X. Pour cela, ils doivent tourner une vidéo pour montrer leur savoir-faire. Mais ce n’est pas simple quand on n’a pas séduit une fille depuis des années. Les voilà donc partis dans des pérégrinations improbables pour conclure. On rigole avec bon cœur de leurs erreurs, leurs maladresses, leurs capacités à foirer toutes leurs chances. Le film offre une succession de scènes plutôt drôles. L’humour utilise plusieurs recettes. Les dialogues sont bons. La vanne est fréquente et fuse très vite. Ensuite, l’immersion de leurs codes de la cité dans la vie parisienne présente de bons moments. Enfin, le comique de situation ou des gags basiques chatouillent nos zygomatiques. Je trouve le film très drôle. J’ai vraiment ri et passé un moment très divertissant.
Côté bémol, il y a les personnages féminins comme je l’ai dit précédemment. Mais ce n’est pas tout. Je trouve que l’intrigue est quand même très succincte. Même si elle reste secondaire dans l’attrait du film, il est dommage de ne pas l’avoir travaillé davantage. Le scénariste a fait ses preuves dans sa capacité à faire rire. Dommage qu’il n’est pas fait preuve du même investissement ou du même talent quand il s’agit de raconter une histoire. Je le regrette un petit peu parce qu’un effort sur cet aspect aurait permis à « Les Kaïra » de devenir une comédie d’excellente qualité.
Finalement, ce film possède des défauts et des qualités. Suivant si on regarde le verre à moitié plein ou à moitié vide, on bascule d’un côté ou d’un autre. Personnellement, j’ai envie de garder un regard positif. J’ai vraiment passé un bon moment. J’ai pris beaucoup de plaisir à suivre les aventures de nos trois loustics. Ils sont vraiment sympas et on leur souhaite tout le bonheur du monde du début à la fin. Néanmoins, cela ne nous empêche pas de dire de leurs mésaventures et de leurs maladresses. Evidemment, je pourrais mettre l’accent sur tout ce qui pourrait être amélioré ou travaillé. Mais je préfère garder comme souvenir la banane que j’avais en quittant la salle. Et ce n’est déjà pas si mal…
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