"Tant qu'on est sur cette terre, on devrait avoir du bon temps."

« Les moissons du ciel », c’est le cinéma contemplatif de Terrence Malick dans toute sa splendeur. Un cinéma où les images et les émotions prévalent sur les mots. L’action se situant à 95% du temps en extérieur, les occasions de se trouver émerveillé devant la beauté de la nature ne manqueront pas.

Le film dégage une ambiance particulière, due au fait que le réalisateur et son équipe aient tourné la majeure partie du film durant "l'heure bleue", ce moment spécial de la journée où il fait encore jour mais où le soleil n’apparaît plus. C’est cela qui confère le plus à l’œuvre son ton unique et authentique. Les décors, à savoir l’immensité des champs et du ciel, sont à tomber.

« Days of Heaven » de son titre original, a beau être une œuvre pleine de douceur et d’amour, cela n’empêche pas de donner une forte intensité dramatique aux scènes qui s’y prêtent. Le passage où les terres sont infestées de sauterelles n’en est que plus fort. Finis les poétiques couchers de soleil, fini le vent qui prend doucement dans les champs de blé, place aux flammes éclairant les ténèbres. Et avec elles, les ténèbres du cœur humain.

L’histoire est simple, mais assez touchante. On ne peut s’empêcher d’apprécier le couple Bill/Abby, tout en estimant également leur victime, le fermier (un Sam Shepard plus attendrissant que jamais). La relation qui se noue entre lui et la jeune fille, j’ai eu envie d’y croire, envie de penser qu’un amour véritable naissait devant nos yeux, tout comme le pauvre homme malade. L’amour est filmé avec beaucoup de pudeur par Malick. Des baisers volés à peine montrés, une nuit de noces suggérée... là n’est pas l’important.

Ce que le réalisateur souhaite montrer semble plus être la relation à la nature que les liens humains. Comment l’homme se trouve inexorablement soumis à elle, comment le dur labeur est essentiel lorsque l’on travaille la terre. Un propos déjà fort développé dans « Le nouveau monde ». C’est un aspect de l’œuvre de Malick qui me plaît. Rarement on aura vu un réalisateur filmer aussi bien la nature.

Les thèmes composés par Enio Morricone sont dans l’ensemble réussis, concordant bien avec les images, et sachant se faire oublier lorsque cela est nécessaire. Ouvrant et fermant le film, le thème du "Carnaval des Animaux" de Camille Saint-Saëns est exceptionnel. Des compositions à la fois douces et puissantes, magnifiques tout comme les grandes étendues cultivées filmées par Malick.
mewnaru
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le 6 août 2014

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mewnaru

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