Fritz Lang virtuose dans la mythologie nordique

Bon, Fritz Lang est définitivement l'un de mes cinéastes préférés. Films après films il continue de m'époustoufler. Les Nibelungen, c'est quelque chose. Quelle ambition ! Le budget est introuvable mais il devait être considérable.


Quand Fritz ne parle pas de la société qui l'entoure, il s'intéresse à la mythologie nordique, dans l'un de ses premiers films et déjà très grand. La première partie du film est ainsi consacrée au héros Siegfried. Le film n'arrête alors plus d'afficher de véritables moments de bravoure. La scène où il terrasse le dragon est géniale. C'est complètement fou de voir une telle scène dans un film de 1924. Et c'est un dragon taille réelle qu'il combat. De même que les épreuves olympiques pour conquérir la femme du roi. Les effets spéciaux sont super réussis. Et les décors géants sont d'une telle précision. Tout comme la mise en scène superbe : les nains qui servent de support à la grande table ronde. Les plans fixes et la musique participent énormément à cette ambiance fantastique et à cette volonté de grandeur de Lang.


Et les relations sont très justement établies pour conduire à l'apothéose de la première partie qui s'enchaîne très rapidement. J'étais captivé par ces manipulations, ces histoires de vengeance et d'honneur. On voit des personnages qui se déchirent pour sauver l'honneur de tel ou tel autre. Et ça conduit à la deuxième partie du film donc, la vengeance. Malgré quelques longueurs sur la globalité du film, on ne s'ennuie pas forcément. Le découpage en chants marche plutôt bien d'ailleurs puisqu'il permet des ellipses pour ne pas perdre de temps. Et quand je parlais de moments de bravoure, ce n'est rien à côté de l'heure finale du film. Une bataille sans merci qui s'exécute entre les deux camps. Des batailles dignes de grands films de fantaisie, remises dans leur contexte de 1924. C'est à couper le souffle.


Et les Nibelungen, c'est aussi et surtout une histoire tragique : l'histoire d'un héros déchu, d'un peuple qui se mènera tout seul à sa propre perte, de trahisons. Le dernier plan est d'ailleurs très juste et symbolise très bien ce pessimisme et ce tragique de cette adaptation de Siegfried.


Connaissant les méthodes de travail du bonhomme dans Metropolis, ça a du être un vrai calvaire pour les acteurs d'arriver à un tel résultat. Tout est précis, tout est grand, tout est beau. Lang est complètement fou et toujours en avance sur son temps. Ça c'est du cinéma qui fait progresser l'art et qui marque son histoire. Un monument assez méconnu qui mériterait plus de reconnaissance.

Madnx
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le 24 août 2016

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