Les Vampires
7.5
Les Vampires

Série (1915)

1915 : Alors qu'aux USA, D.W. Griffith joue dangereusement avec les limites la séquestration en enfermant ses spectateurs pendant les 3 heures interminables de sa fresque historico-raciste, la belle France voit le cinéma d'un tout nouvel œil.


Méliès, c'est devenu complètement has-been ! Plus question d'aller voir des potiches de 40 ans gambader en robe de fées dans des décors en carton gribouillé, le nouveau truc hype ce sont les séries policières ! Du réalisme, de la violence, du suspens ... c'est un peu Colombo avant l'heure. Avec Les Vampires, Louis Feuillade donne au peuple, une bonne raison de se bouger le cul en période de guerre. Pensez-vous ! Des aristocrates décapités, dépouillés, corrompus ... les français n'attendaient que ça depuis l'exécution de Marie-Antoinette. En plus les 10 épisodes durent toujours moins d'une heure, ce qui laisse le temps, entre autres, d'aller se battre pour se procurer des patates.


La série raconte comment les membres d'un gang de malfrats (nommés Les Vampires) se débrouillent comme des manches pour se faire toujours prendre par la police. C'est pas comme ça que c'est présenté mais c'est bien comme ça que ça se passe. Malgré tout ce que vous pourrez lire un peu partout dans les ouvrages de cinéma, ne vous attendez pas à passez un moment inoubliable: même si nos amis les méchants ont toujours une bonne petite idée loufoque pour entreprendre leurs délits, le reste ne causera pas un infarctus à Mémé. Parfois, on dirait juste que Feuillade a dit aux acteurs "bon les gars, faites la scène comme si c'était la vie réelle, je vais déjeuner" puis c'est comme si il avait eu la flemme de tout regarder et de faire un montage ... du coup on se fait un peu chier. Mais bon, il se rattrape dans les scènes d'action ou la mise en scène de certains passages. J'ai particulièrement apprécié celui ou toute une foule de gens riches est gazée (pas mortellement hein) puis dépouillée par nos amis : une bonne idée à essayer au prochain festival de Cannes!


Dans le rayon tranche de rire avec les effets spéciaux de l'époque on ne rate jamais une bonne occasion de balancer un mannequin bien rigide par une fenêtres ou de tenter un mélange improbable entre décors en carton et des décors naturels (à la guerre comme à la guerre). Les incohérences se multiplient et le scénario ressemble un peu au gilet tricoté dans le Père Noël est une Ordure : des gros trous et un aspect général peu ragoutant. Mais bon, 6h30 de film en période trouble, ça demande des sacrifices.


Je finirai en évoquant la fameuse Irma Vep ! L'éternelle seconde qui doit se coltiner les sales boulots malgré le fait qu'elle soit plus maline et douée que tous les chefs du groupe (qui meurent les uns après les autres) et tout ça ... parce que c'est une femme ! Hé oui, en 1915, le monde n'était pas prêt. Ce rôle ferra de l'actrice Musidora une grande star du cinéma. C'est en se maquillant comme une aveugle avec de l'eyeliner qu'elle ouvrira la porte à toute une génération de vamps sexys.


Bref, je n'ai pas été très tendre avec cette série qui a quand même plein de bons côtés (apparement elle mènera au surréalisme et à l'expressionnisme allemand) mais mon but était de donner un avis contemporain à chaud et non une analyse historique ... en gros, regardez seulement un ou deux des derniers épisodes, ça vous apportera autant que de regarder toute la série.

H__H
6
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le 17 déc. 2011

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