Il est peu dire que, pour qui aura vécu la déferlante des Visiteurs en 1993 et 1998, l’idée d’un troisième épisode (on mettra de côté la très passable adaptation américaine Les Visiteurs en Amérique) largement suggérée par la fin des Couloirs du Temps avait de quoi susciter énormément d’attente tant l’humour bon enfant et populaire (mais pas non plus -trop- bas de gamme) avait fait mouche dans les années 90. La perspective de retrouver Jacquouille la Fripouille et Godefroy de Montmirail durant la période de la Révolution aussi. Mais cette attente est aussi immédiatement assombrie par le spectre du 3ème épisode nanar (Les Bronzés 3, Camping 3…). Alors, bonne comédie, navet, ou simple madeleine de Proust un peu racie ?
Au final, Les Visiteurs La Révolution laisse un sentiment un peu mitigé. Assurément, il procure un plaisir certain à retrouver les personnages qu’on avait laissés en 1998 (ou plutôt en 1793). Et tout de suite vient une première déception : le temps a fait ses effets bien involontairement (puisque c’est pourtant la suite immédiate des Couloirs du Temps), et on retrouve un Jacquouille quelque peu bouffi et un Godefroy moins vif que par le passé (et oui, même si on a forcé sur le maquillage de Christian Clavier, force est de constater que les acteurs ont vieilli). Aspect physique des protagonistes qui est d’ailleurs habilement contourné et même utilisé par quelques pirouettes scénaristiques. De même, on se rend assez vite compte que La Révolution s’adresse aux seuls fans de la première heure et que Clavier, Reno et plus généralement les dialogues et répliques cabotinent à loisir sur les répliques et situations passées pour titiller la fibre nostalgique du spectateur. Ce qui donne à l’ensemble un petit air de réchauffé. Les scénaristes en avaient d’ailleurs sans doute conscience et ont manifestement voulu donner un coup de jeune à l’ensemble avec un casting élargi et rajeuni. Force est de constater que le résultat n’est pas des plus heureux : si l’on a évité les youtubeurs ou encore Michaël Youn et autres Kev Adams… on récupère tout de même Franck Dubosc qui fait… du Franck Dubosc, ou encore Ary Abittan et Alex Lutz qui en font des caisses au point de devenir exaspérants… C’est au final Sylvie Testud totalement à contre-emploi qui est la très bonne surprise du casting et qui n’est pas sans rappeler le jeu de Valérie Lemercier avec plus de nuances. Pour le reste, le scénario n’a ni queue ni tête (mais on s’en fiche, là n’est pas l’essentiel…), le petit côté « la Révolution pour les Nuls » et la « petite histoire dans la Grande » (avec la présence de Robespierre et Marat) pourront en agacer plus d’un… Mais bon an mal an, le film se suit sans déplaisir et même son petit côté « théâtre de boulevard » au milieu du film passe sans problème. Mais il faut bien l’admettre, on sourit plus qu’on ne rit réellement aux punchlines souvent usées.
Les Visiteurs La Révolution laisse donc une impression étrange sinon mitigée. Certainement pas le navet que certains critiques ont bien voulu décrire, mais assurément un film quelque peu prisonnier du temps qui parlera surtout à ceux (aujourd’hui ayant certainement dépassé la trentaine bien tassée) qui avaient apprécié les deux premiers épisodes et leur bonne humeur communicative dans les années 90. Le film laissera en revanche sans doute de marbre les spectateurs un peu plus jeunes ayant pris le train en route. Et au vu de son succès commercial mitigé, il est tout sauf assuré qu’un 4ème épisode (le fin étant pourtant aussi ouverte que celle des Couloirs du temps) voie le jour. Il est sans doute temps de laisser les bons souvenirs au grenier...