Loba
Loba

Documentaire de Catherine Béchard (2015)

Loba est un film qui lance un signal d’alerte, son ton est pressant, les interviews s’enchaînent, des respirations nous sont offertes, des touches d’humour, mais globalement, c’est l’urgence car la tendance à l’obscurantisme continue, et ce dans le but d’appuyer cette dépendance à la médicalisation hospitalière et les enjeux financiers qu’elle représente.


Loba ne remet pas en question les avancées sanitaires historiques qu’on permis les hôpitaux, l’utilisation des antibiotiques, la stérilisation du matériel médical. Seulement, maintenant que ces évolutions sont acquises dans un pays comme la France, on peut commencer à envisager l’accouchement autrement, essayer de lui redonner sa part « humaine », qui paradoxalement était bien plus présente à une époque où la mortalité infantile et les infections étaient quotidiennes.
Alors qu’au contraire, la politique du moment serait d’enfermer encore plus, chercher à atteindre un risque zéro (évidemment inatteignable), de dénouanement de responsabilité.


La parole est donnée à ces femmes, et leur possibilité de dénoncer ce qui les a marqué, bléssé, choqué pendant leur accouchement à l’hôpital, alors que la volonté générale est de rendre cela normal, et donc de ne jamais le remettre en question.
Même s’il est certain que la présence et l’avis de plusieurs professionnels, l’environnement de machines et de sages femmes prêtes à réagir à n’importe quelle situation (qui induit donc que les choses peuvent possiblement mal se passer, cercle peu vertueux dans un moment où l’on donne la vie) permet de rassurer, se sentir en confiance.
C’est pour cela que Loba ne crache pas sur les hôpitaux, la position de Catherine Béchard est claire, ils sont une nécessité dans un pourcentage précis de cas, elle dénonce juste cette systématisation au détriment de la mère, son enfant, la famille.


L’éradication des sages-femme à domicile vise à créer le 100% hôpital, la dépendance totale, une perte d’implication et de choix.
Loba défend le fait qu’on ait la possibilité de choisir, que l’on puisse prendre une décision, se positionner pour un moment aussi important que l’accouchement, et donc fragilise cette tendance à l’omni-potence d’une institution comme l’hôpital.


Ce qu’il ne faut pas oublier quand on regarde Loba, c’est que certes il s’agit d’un film de Catherine Béchard, mais c’est surtout un film qui donne la parole à des femmes sur des choses que la plupart des gens se refusent à entendre.
On peut accuser le film d’être orienté, même s’il s’agit de la définition de base du documentaire, mais on ne peut pas renier en bloc le discours du film.
D’ailleurs, les moments de grâce sont certainement ceux où l’on réalise que l’homme n’est pas exclut de cette prise de parole, et on constate le clivage entre la salle d’attente où ils peuvent être relégué dans un hôpital, et leur grande présence durant l’accouchement à domicile, qui au final tisse un lien, une unité de famille bien différente.


Et au final, l’intérêt de base du film, ses tripes, ce qui en a porté la réalisation selon moi, c’est ce tissage familial qui se créé à la naissance, qui définie l’être humain totalement, les enjeux sur l’échelle d’une vie de ce moment. Et c’est de cette façon qu’est construit le film, les récits s’entremêlent et créent un grand patchwork de prise de conscience, et ce à l’internationale.

Jean-Louis_XIII
8
Écrit par

Créée

le 19 avr. 2015

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Jean-Louis_XIII

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