Hormis un final complètement raté qui selon moi vient contredire tout le propos du film, Looper fait partie de ces rares films de 2012 proposant une bonne idée originale sur le papier et qui ne rappelle aucun autre film. Si on ôte la dernière scène, on doit admettre que l'histoire tient la route et ne perd jamais de vue son fil directeur (il est très facile de partir dans tous les sens). Rian Johson sait parfaitement où il veut aller, si bien que le récit reste fluide, cohérent, mêlant habilement présent/passé/futur. On regrettera une mauvaise gestion du rythme car certains vides se font ressentir : c'est évidemment problématique pour un film censé aborder une course poursuite/course contre-la-montre. Si dans certaines films un rythme trop soutenu peut finir par nous abrutir, ici on en aurait voulu un peu plus.

Il ne faut pas se méprendre donc, car Looper n'est pas un énième nanard auquel on pouvait s'attendre. Du côté des acteurs d'ailleurs, Bruce Willis, qu'on commence à enterrer un peu trop vite, à l'instar d'un Stallone, nous sort ici une très bonne prestation qui l'éloigne encore plus de la retraite. Mais le meilleur élément reste Joseph Gordon-Levitt, l'acteur archi bankable du moment (500 jours ensemble, Inception, Batman, Premium Rush et prochainement Lincoln). Encensé à juste titre par la critique, il s'impose comme un des meilleurs acteurs actuels.
Si j'ai toujours beaucoup de mal avec Paul Dano, c'est avec plaisir qu'on retrouve Jeff Daniels en grand méchant.

Le manque de moyens est évident : l'économie dans les décors fait qu'on ne différencie pas tellement le présent du futur. Pourtant, ce qui parait être un point faible est en réalité un vrai gage de qualité : Rian Johnson fait le choix assumé de nous proposer un monde dépourvu d'architectures futuristes, de voitures volantes, d'androïdes à chaque coin de rue, et préfère nous offrir une vision pessimiste d'une planète qui régresse. Le manque d'argent a donc été largement compensé par l'intelligence du réalisateur.

Si les scènes d'action sont donc obligatoirement réduites, elles interviennent de façon brutale, violente, épatante (la simple scène où le gamin s'énerve vaut à elle seule le détour). Le rythme, par contre, se retrouve donc haché, le cinéaste étant contraint d'alterner temps forts/temps faibles : les deux heures se font alors un peu ressentir.

Maintenant, comment parler de la fin sans spoiler ? Je ne vais pas en dire beaucoup, mais pour moi le choix effectué prend à contre-pied le sens du film. Si le geste parait prévisible, il reste surtout incompréhensif car il vient détruire tout le concept établi entre présent/passé/futur. Pourtant, on s'en moque un peu, car le principal est ailleurs. C'est pour cette raison que je lui ai mis 7. Et c'est pour cette raison que Looper est une bonne surprise qu'on attendait pas.
badgone88
7
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le 28 nov. 2012

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