Les champs sont déserts, tranquilles, où seul le souffle du vent vient les bercer. Mais un homme vient perturber cette atmosphère sereine. Une arme à la main, il reste fixe devant une bâche posée par terre. « Tic tac tic tac » fait sa montre à gousset, jusqu'à l'arrivée d'un second homme apparaissant subitement. Le bruit de la détente se fait entendre, la balle part, le cadavre est emballé. Intense, énigmatique et efficace : voici les crédos de Looper, un film de science-fiction ambitieux.

Joe est un « looper », un tueur à gage qui élimine des individus venant du futur envoyés par la mafia. Riche et sûr de lui, sa vie va prendre un tournant lorsqu'il se rend compte que sa prochaine victime n'est autre que lui-même.

Si à la base, le récit peut en dérouter plus d'un, Looper se révèle être cohérent et compréhensible pour tous, ce qui n'est pas toujours le cas dans ce genre cinématographique. Le scénario nous conduit vers des chemins que l'on n'aurait pu soupçonner au départ, et avec ce style ultra balisé dans lequel l'oeuvre s'inscrit, on est d'autant plus comblé.

Nous sommes en 2044, et, comme il est de coutume ces derniers temps (Time Out de Nichols), l'ambiance futuriste est sombre et sinistre où la misère est à chaque coin de rue. Mais malgré cette reproduction de l'avenir pas si originale que ça, un véritable style se dégage de ce film. Aucun vaisseau ni décors surréalistes n'imprègnent le paysage de Looper. Rian Johnson y préfère la campagne et surtout le silence, qui donne à sa réalisation un ton bien plus captivant et convaincant.

Avec des personnages incarnés par des acteurs fétiches du cinéaste (Gordon-Levitt, un peu trop maquillé) ou des superstars (Willis), la nature humaine n'est pas belle à voir. Les riches, suffisants et arrogants, ne font pas attention aux pauvres. Personne n'est bon, personne n'est mauvais, et chacun agit pour son intérêt personnel.

Pour être en accord avec soi-même ainsi que ses principes, l'homme doit faire des sacrifices. Il n'est pas éternel et tôt ou tard, il disparaît, pour laisser place enfin à cette nature inébranlable que rien n'altère. La boucle est bouclée.
Hugo_Harnois_Kr
7
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le 10 févr. 2014

Critique lue 238 fois

Hugo Harnois

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