Héritant d’un des plus gros scandales du cinéma avec Irréversible, Gaspar Noé n’est pas réputé pour sa finesse mais plutôt sa manière de mettre les pieds dans le plat, toujours dans l’optique de nous présenter des personnages atypiques, à la marge.


Et Love, si on s’arrête à sa promotion, se devait encore une fois d’être un coup de pied dans la fourmilière de par sa tranche ouvertement pornographique. Statut finalement très vite mis de côté dès la première séquence du film, certes sexuelle, mais passionnelle à travers un plan séquence d’un couple faisant l’amour jusqu’à la jouissance. On découvre alors rapidement un film introspectif, une quantité de souvenirs qui s’amoncelle pour former un récit par le biais de quelques pièces contenant chacune un élément clé de l’intrigue. Murphy, le narrateur, essaie de définir l’amour, ce dont il semble bien incapable. Simplement parce que Love est un film sur la haine qui se dégage de la passion, plutôt que la passion elle-même. Sur les dangers qu’elle peut engendrer, les expérimentations qu’elle entraîne. De par le côté excessivement banal du récit se dégage un lyrisme qu’on ne voit que rarement, chose facilitée par le travail photographique fabuleux de Benoît Debie, offrant cette pointe acide dont chaque film du réalisateur se dote. A travers une pièce éclairée par un rouge uniforme ou un club échangiste mis en valeur par les stroboscopes, chaque image de Love est dosée pour offrir le frisson adapté au spectateur. A la fois marginal et universel, le film de Gaspar Noé tente d’exposer des adultes hors-normes sans offrir la possibilité au spectateur de les juger, car ils ressentent finalement les mêmes sentiments que tout le monde mais les expriment différemment.


Love est un film joyeusement triste, fidèle à sa démarche de proposer au public l’histoire d’un amour déchirant, suicidaire. Loin des trips visuels que sont Irréversible et Enter The Void, le nouveau film de Gaspar Noé est l’une des œuvres les plus abouties de sa carrière car elle tente de nouvelles choses, se limite quand cela est nécessaire et évite les écueils du trop-plein sexuel. Dirons nous même qu’on a là quelques unes des plus belles scènes de sexe du cinéma. Tout comme Lars Von Trier avec Nymphomaniac, Noé nous présente des personnages qui n’ont peur de rien, quitte à se brûler les ailes, et ça fait un bien fou.


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Florian_Bodin
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le 26 juil. 2015

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Florian Bodin

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