Plus vite, plus haut, plus fort ! C’est ce qu’on voulait, c’est ce qu’on a eu. On s’en foutait d’une autre histoire, c’est pas important l’histoire avec Machete du moment qu’il y a le minimum syndical pour justifier du sang et du sexe. Rodriguez c’est un peu le monsieur « plus » du cinoche, celui qui te fait du n’importe quoi mais qu’a l’air ni trop cheap ni trop indigent. Il fait un sous film de sous genre, mais on sent que si un jour, il a envie de faire autre chose, il y arrivera les doigts dans le nez. En attendant, ses films c’est un peu la cour de récré des guests, le défouloir des stars qui ont envie d’une pause « Mars et ça repart » entre deux films.

De ce côté-là, on en a pour notre argent : sexe, sang et violence à la puissance infinie règnent comme des mères maquerelles sur le cinéma de Rodriguez. C’est un film rempli de primates destiné aux primates et alors ? C’est pas grave ! C’est sûr que ça peut pas plaire à ceux qui pensent qu’au cinéma, la branlette ne peut être qu’intellectuelle, ceux-là on va les plaindre et avoir un peu pitié… Ici les filles ont les seins qui débordent genre : « Garçon, y a trop de chantilly sur mes deux boules de glace, j’peux la lécher ? », de vraies hanches de génitrice et des chutes de reins qui ringardisent celles du Niagara. C’est un alignement de bombasses façon stars du porno que ne renierait pas Russ Meyer, un régal pour les yeux qui va tellement bien avec cette déferlante de violence tellement abusée qu’on se marre tout du long.

De ce côté-ci, Rodriguez prouve qu’il n’a pas encore fait le tour de la question et qu’il lui reste de sacrées idées à exploiter. Bon, faut bien reconnaitre que c’est bien plus crade que dans le premier opus, là on va au-delà des têtes coupées qui servent juste d’amuse-gueule. On vite carrément boucherie/charcuterie/salaisons ici, le corps humain subit les sept derniers outrages sauce Rodriguez, c’est con mais c’est bon, ça « giscle » comme disait Montand dans Manon Des Sources (trop fort, placer Manon Des Sources dans une critique de Machete !). Citons entre autre l’utilisation toute particulière que fait Machete d’une hélice d’hélicoptère, plusieurs fois d’ailleurs, ça vous attrape, ça vous fait tourner. Un peu comme un robot ménager en fait, l’hélice coupe, hache et tranche les humains pour en faire finalement de la farce. Comme un manège aussi, il attrape le pompon à chaque tour et gagne un tour gratuit.

Côté action rien à dire, ça part dans tous les sens mais on regrettera de voir si peu Jessica Bomba Alba, même pas nue mais bon dans le premier c’était un fake, frigide ! Il y a toujours autant de délires sur des armes de timbré avec forcément une petite tendance sexuelle. Mais franchement, si ma chérie portait ce genre de sous-vêtements, je crois que ça me filerait la trique la plus longue et douloureuse de ma vie et ça me redonnerait la vigueur d’un mec de vingt ans, parole ! Des candidates ? Personne ? Aller, je comprends, que ça impressionne ! Pis ça doit faire un peu peur aussi… S'y ajoutent des dialogues franchement loin du langage soutenu mais diablement bien sentis et additionnés de jeux de mots bien lourds et foireux.

Côté acteurs…bon faut dire ce qui est, Danny n’est pas un acteur, il est bien à sa place dans ce film mais on sent que le bonhomme est limité, mais ce qu’il fait (la montagne de muscles et de violence) il le fait carrément bien et on s’en fout qu’il soit pas à l’aise dans Hamlet parce-qu’ en même temps, qui aurait trouvé crédible Lawrence Olivier en Machete à part…personne ? C'est cool de retrouver Charlie Sheen en président des States comme son papa Martin dans The West Wing. Sinon, on s’amuse à chercher les guests plus ou moins facile à trouver et plus ou moins présentes. Mel Gibson est vraiment bon et devrait clairement jouer plus souvent les psychopathes. Petite apparition pour Banderas, qui fait chier à rallonger comme ça la liste déjà trop longue des acteurs qui vieillissent bien et auxquels nos femmes nous comparent un peu trop et qui finissent par vous dire, quand vous leur demander si vous avez un peu grossi, que vous êtes devenu moelleux et qu’elles aiment bien, chiennes ! A trouver aussi (démmerdez-vous), le vilain pas beau mémorable de 58 Minutes Pour Vivre, William Sadler, avec quelques années de plus mais toujours cette gueule de danger permanent.

C’est la récré, venez vous amuser avec vos petits camarades à des jeux bien bas de plafond, disons en-dessous de la ceinture. Le sexe et le sang vont ensemble, c’est connu depuis qu’Eve a fait chier Adam avec sa pomme véreuse, Rodriguez est donc un chrétien fidèle et pratiquant qui a repris à son compte les Saintes Ecritures pour nous pondre une parabole sur la liberté d’accomplir soi-même la justice divine (loué soi Son nom), sur le droit des femmes à disposer de leur corps (et donc de le vendre pour un peso la passe) et sur cette volonté de l’Homme de se rapprocher toujours plus près du Créateur qui est aux cieux, que ton règne arrive, donne-nous aujourd’hui notre flingue de ce jour, etc… Machete Kills est un récit biblique (rien de moins ! Si vous n’êtes pas d’accord passez votre chemin, hérétiques !) qui fait de Noé une brute épaisse prête à faire couler l’hémoglobine de ceux qui voudraient l’empêcher de sauver l’humanité. Certes, cette critique vire au n’importe quoi, mais ça c’est le double effet Machete, tu fonces dans le tas et te fous des dommages collatéraux. Petite référence pour finir et dire que ce film est un putain de bon péplum qui applique à la lettre « du pain et des jeux » et qui a compris que nous, la plèbe, ne sommes qu’un ramassis de bête affamées de plaisirs sauvages auxquelles il faut donner leur dose quotidienne.

P.S.: Mes excuses aux yeux chastes, cette critique est à l'image du film: toujours plus !
Jambalaya
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 11 déc. 2013

Critique lue 1K fois

17 j'aime

6 commentaires

Jambalaya

Écrit par

Critique lue 1K fois

17
6

D'autres avis sur Machete Kills

Machete Kills
Sergent_Pepper
3

Les théories de la réception

Extraits de conversation entendue dans la cours de récréation du collège Francis Lalane, le 25/01/2014, entre Kevin et Enzo. - ouais, et quand il balance les tripes du mec dans les pales...

le 29 janv. 2014

50 j'aime

13

Machete Kills
SanFelice
6

Une affaire de coeur

Après tout, au centre du film Machete Kills, il y a un cœur. Et tous les problèmes qui vont avec. Avant de le regarder, assurez-vous que vous n'avez pas un cœur d'artichaut et que vous avez le cœur...

le 28 janv. 2014

35 j'aime

8

Machete Kills
Paradox
7

Tu la préfères plutôt classique, ou plutôt gangster ? Alors classique, ou gangster ?

Machete, c’est l’OVNI de ce mois de septembre. Salle minuscule, quasiment vide, une fausse pub avec effet vieille péloche, ouais, on y est, après vingt minutes de publicité, le film peut démarrer et...

le 3 oct. 2013

27 j'aime

5

Du même critique

The Truman Show
Jambalaya
9

Quand la vie de Truman capote...

The Truman Show, un film touché par la grâce, de son réalisateur Peter Weir d'abord, qui a rarement été autant au sommet de son talent depuis, de Jim Carrey ensuite, qui a fait taire avec ce film,...

le 10 déc. 2013

154 j'aime

17

True Detective
Jambalaya
9

Les Enfants Du Marais

True Detective est un générique, probablement le plus stupéfiant qu’il m’a été donné d’admirer. Stupéfiant par les images qu’il égraine patiemment, images d’une beauté graphique rare, images sombres...

le 12 mars 2014

152 j'aime

15

Le Monde de Charlie
Jambalaya
10

Charlie's Angel

Voici une œuvre miraculeuse, d’une justesse dans les sentiments et les émotions adolescentes qui m’a ramené vingt-cinq ans en arrière. A cette époque, se trouver une identité revenait à les essayer...

le 5 janv. 2014

152 j'aime

26