Fini le brushing 80’s de Tina Turner, la gueule fatiguée de Mel Gibson et ces chœurs d’enfants à vomir sous un dôme du tonnerre tout droit sorti d’une attraction de la foire du Trône. On est en 2015, on est à Cannes et on mange sans gluten. Sur le fond, rien n’a changé, on prend (presque) les mêmes et on recommence. C’est donc toujours la chienlit post-apocalyptique, toujours le désert brûlant et toujours pas de lendemains qui chantent. Max a toujours son cuir, le mythe dans la peau et le borborygme en bouche. Le pitch ? Le monopole de l’eau caracole, le pétrole s’affole et l’utérus est devenu une valeur sûre pour les despotes en manque d’eugénisme.


La trame de ce Fury road reprend plus ou moins celle de Mad Max 2 (un seigneur de la guerre, une communauté à défendre, des poursuites en bagnoles…), agrémentée de filtres orange (le jour) et bleu (la nuit) pour ceux qui, éventuellement, ne sauraient pas faire la différence. Alors oui, quand ça vrombit, quand ça explose et ça dépote, le spectacle est grisant, barbare et cauchemardesque (engins recouverts d’épines, hommes voltigeant sur des perches, tempête monstrueuse…). Mais quand les voitures se figent et que le kérosène crachote, c’est une autre histoire : situations convenues, suspens rabougri, clichés variés (visions miteuses des démons intérieurs de Max en poltergeists clownesques) et cacophonie épuisante digne d’un Hans Zimmer des grands jours (du pétaradant pour les rodéos auto et du dégoulinant pour les trémolos).


Même les dialogues, réduits pourtant à l’infiniment petit, sont d’une indigence faisant fi d’un minimum de dramaturgie et de bienséance. Il y a là toute une artillerie (lourde) écolo-humano-féministe (le mot revient absolument partout, à toutes les sauces, caution simili-pertinente pour avaliser un film simplement neuneu qui fait passer Miller pour un grand auteur quand son récit est tout aussi prévisible qu’un Transformers) qui sert de garantie socio-métaphysique à des critiques arrangeantes tartinant des intros-synthèses-conclusions aussi creuses que ce que Miller cherche à nous vendre de son côté (la femme est l’avenir de l’homme, avec un verre d’eau à la main : pas de quoi s’exciter la nouille, les gars).


On nous avait déjà fait le coup sur Pacific rim (parce que del Toro) et sur Godzilla (parce que… Edwards ?), mais là ça devient pénible. Enfumage, je crie ton nom… À 70 ans, Miller a toujours du répondant côté mise en scène, mais côté densité scénaristique (l’idée de base, partir pour ensuite revenir, est plutôt maline et n’est pas à remettre en cause), c’est de la bouillie crapoteuse (qu’il est loin, l’esprit libertaire des années 70 et 80) pas plus subtile qu’Immortan Joe et sa clique SM qu’on dirait échappée d’un congrès d’heavy metal un samedi soir porte Maillot. Rockatansky on the rood again, c’est pas la furie tu vois, c’est du pétard mouillé dans ton moteur hybride.


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mymp
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le 19 mai 2015

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