Opaque, puissant, envoûtant
Le monde selon Lars Von Trier n'est pas une gageure. Avec le cinéaste danois on ne sait jamais à quoi s'attendre et chacun de ses films démolit le précédent en quelque sorte. Pourtant avec ce long-métrage-là, "Melancholia" donc, qui date de 2011 et fut projeté au festival de Cannes en sélection officielle, Lars Von Trier atteint un genre de paroxysme : car ces images vont nous hanter pendant un moment, et les vingt premières minutes du métrage, avec ces plans superbes sur Kirsten, sur la nature ou encore sur un cheval qui s'écroule au ralenti, métaphore d'une terminaison de l'espèce, d'accord, mais en majesté, à la manière de Wagner et du romantisme allemand noir, eh bien ça nous prépare activement aux péripéties à venir, à savoir le portrait croisé, jumelé, de deux soeurs à la fois si lointaines et si proches, comme un regard en miroir : Justine (la blonde séraphine) et Claire (la brune marmoréenne), interprétées par les deux plus émouvantes actrices de cinéma de notre époque, Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg, dont la complicité à l'écran fait plaisir à voir. Donc un vrai film de cinéma en 2 chapitres d'égale longueur (la fête de mariage puis l'apocalypse à venir) nous plonge dans le processus d'autosatisfaction d'un réalisateur au meilleur de sa forme artistique. Un film en tous points éblouissants.
Qui bouderait ce plaisir-là ?