Une froideur devenue apparente ?
Si « Zodiac » et « The social network » prouvaient déjà que le cinéaste avait déjà atteint sa maturité – où sa maîtrise et sa virtuosité n'étaient pas seulement au service d'effets clinquants (même si c'était parfois brillamment fait, comme dans « Seven »), mais d'un réel travail de mise en scène –, ce « Millénium » porte son art à un degré de minutie et d'intelligence qu'il n'avait peut être jamais encore atteint. Tout témoigne ici de son sens aiguisé de la réalisation, à commencer par la construction du récit, qui part de deux histoires parallèles se faisant mutuellement écho pour ensuite n'en faire qu'une et en combiner les enjeux. Quant à la mise en scène, sidérante de précision, elle se base toujours sur des choix judicieux – choisissant habilement le montré et le non-montré. Mais ce qui rend ce film unique dans la filmographie de Fincher, c'est qu'il est peut être le premier où y est introduite avec justesse une réelle dimension affective – là où « Benjamin Button » se perdait dans des méandres mélodramatiques inutiles. L'enquête menée a beau être extrêmement prenante – et a priori plus adaptée au « style » fincherien –, on a presque l'impression que le réalisateur finit par s'en éloigner pour s'intéresser à la relation des deux protagonistes du film, par ailleurs très émouvante.
Un tel film laisse donc entrevoir une suite de carrière des plus enthousiasmantes pour David Fincher – qui pourrait bien, s'il restait sur cette lancée, devenir un cinéaste majeur.