La magie s'est évanouie...

Il y a déjà plein de très bonnes critiques du film (positives ou négatives d'ailleurs), sur le site.
Mais voilà, ça fait déjà une bonne vingtaine de jours que je n'ai plus rien écrit, et je commence à sérieusement me rouiller, donc quitte à faire dans la redite, autant donner mon point de vue rapide sur un bon vieux blockbuster, genre de film que pourtant j'évite soigneusement depuis quelques années...

Pour des raisons simples, je m'emmerde. Autant quand j'étais petit, une quarantaine d'explosions, des poursuites, des personnages stéréotypés, des scénars aussi creux qu'incohérents, ça passait...
Mais au bout du 55ème film du même genre, l'horrible impression de revoir encore et toujours les mêmes choses, sans la moindre ambition un tant soit peu créative, ça ne m'amuse plus du tout.

Encore pire, ce fameux tournant du "blockbuster d'auteur" avec la trilogie Batman Nolan, où comment gagner une légitimité artistique en abordant des thèmes supposément profonds et sérieux, a fini par définitivement m'achever. Dithyrambes tous azimuts de la presse ou des spectateurs, et ennui profond pour ma part devant la vacuité et le non-sens des projets.

La crétinerie assumée des ex-independance day a laissé la place à du sérieux, du très sérieux qui n'a juste rien à foutre là.
Ou bien l'application de grosses couches de "réalisme" aseptisé sur les résidus d'un cinéma fantastique baroque, jugé trop "vieillot", pour mieux cacher un manque patent de créativité et d'imaginaire (putain mais bordel l'imaginaire des rêves d'inception, j'en ai recraché mon soda).

Alors voilà, Mission impossible je sais pas combien "Protocole Fantôme", là encore on trouve une unanimité parmi la critique officielle assez suspecte.

Perso, j'en étais resté au premier épisode qui m'avait bien marqué petit (enfin bon normal quand De Palma est aux manettes on ne peut pas avoir un film de quidam), et au jeu nintendo 64 qui était pratiquement injouable et tout pixelisé de partout, mais assez sympa. J'avais dû voir le Woo et l'oublier dans la foulée, et pour le reste j'ai passé mon tour.

D'abord la laideur du générique d'intro, une infographie dégueulasse qu'on croirait sortie d'un jeu du début des 2000's.
Puis après quelques minutes, on retrouve enfin notre scientologue préféré, victime du syndrome Roger Moore. Il veut faire jeune avec un combo brushing + teinture parfaite, mais il ne trompe plus personne le pauvre vieux. Pratiquement devenu liquide, avec une peau qui tombe de partout, on n'y croit plus vraiment quand Tom joue une sorte de super-espion qui fout des mandales à tous ses ennemis à la vitesse du son. Il est décidément trop vieux pour ces conneries.

On découvre ses nouveaux sparring partner, Simon Pegg qui va rapidement devenir imblairable à force d'enchaîner les rôles pitoyables de comic relief pas drôle et jamais à la hauteur de son talent; Paula Patton, une sorte d'Amélie Mauresmo venue des îles, aussi charismatique qu'un lampadaire. Puis plus tard Jeremy Renner (inutile), Léa Seydoux (égale à elle-même, c'est-à-dire affligeante de nullité), le duo de méchants le plus inexistant de la planète, dont le chef est interprété par le suédois de Millenium, un indien caricatural repêché de Slumdog Millionnaire, quelques russes pour raviver une sous guerre froide en carton-pâte, et on a fait le tour de la question.
Inutile de préciser qu'aucun personnage n'est digne d'un quelconque intérêt, et que les vagues tentatives de développement de leur background pour qu'on s'y intéresse un tant soit peu, seront systématiquement tuées dans l'oeuf.

Brad Bird fait un travail de tâcheron, déroule son scénario sans inspiration, sans étincelle, sans autre imagination que des FX ignobles et hyper visibles (la tempête de sable, les explosions, les incrustations).
Après le film n'est pas antipathique, parce qu'il a un parti-pris "rigolard" (mais honnêtement le film n'est absolument pas drôle pour autant), ne se prend pas trop au sérieux et ne prend pas spécialement la tête.

Cela dit...

Qu'il est triste le film! Qu'est-ce qu'il est plat, fade, et sans saveur !

Moi de Mission impossible, je garde le souvenir de la pépite de Brian de Palma, certes bourrée de défauts (Petit j'ai dû le voir une dizaine de fois, et je n'ai jamais rien capté de l'histoire par exemple), mais d'une sensualité, et d'une élégance folle.

Il y avait quelque chose de grisant dans les missions, avec des personnages qui subissaient en direct l'effarante difficulté de leurs tâches (et qui pouvaient même y laisser leur peau), la sueur d'Ethan Hunt qui menace de couler et d'allumer tout le système d'alarme d'un complexe imprenable... Le suspense, la tension, les dialogues riches, tendus, âpres, les personnages ambivalents et complexes... Les négociations laborieuses...

Les scènes mythiques et inoubliables, l'intro hallucinante de maîtrise et bourrée de retournements de situation, le chewing gum et l'aquarium, le train (même si trop long)... La musique réinventée par Danny Elfman pour une BO sensationnelle...

Là rien de tout ça, tout est passé à la trappe, l'aseptisation est totale, les images sont lisses, la réalisation anonyme, la musique réussit l'exploit d'affadir le main theme... Les personnages ne sont plus que des superhéros sans âme enchaînant des péripéties répétitives (poursuites et coups de poing) et interminables et en permanence dans la surenchère, où tout va trop vite constamment.

Y a juste un moment qui m'a fait rire, quand le personnage de Jeremy Renner trolle directement le scénario du film en demandant pourquoi le comportement des méchants est si incohérent. Réponse de Tom : les méchants ne sont pas des universitaires. Les scénaristes non plus...