La saga Mission : Impossible repart sur les chapeaux de roue pour un cinquième volet, cette fois réalisé par Christopher McQuarrie, le metteur en scène américain retrouve d’ailleurs Tom Cruise qu’il avait dirigé dans Jack Reacher, la tâche est cette fois plutôt simple : reprendre la recette qui avait fonctionné dans l’opus précédent en tentant d’y apporter son grain de sel et nous proposer un bon moment de divertissement. Car c’est ce qu’on vient chercher au cinéma quand on choisit ce genre de film, rien de plus, c’est d’ailleurs la première fois que je voyais un M:I en salles et les bandes annonces m’avaient particulièrement saucé, je ne me faisais pas trop de soucis, la confiance régnait, un peu à tord au final.


Quand j’étais gosse je ne regardais pas la série, pourquoi ? Parce qu’au bout de 4-5 épisodes j’avais l’impression de toujours voir la même chose, comme l’Agence tous risques ou ce genre de show tv d’action/espionnage, et bien là j’ai un peu l’impression qu’il m’arrive la même chose niveau cinoche avec cette saga, le concept s’épuise inévitablement. C’est pourtant paradoxal puisque chaque film à son caractère propre en adéquation avec le style du réalisateur, rappelez vous les plans en caméra subjective signés De Palma, l’import hongkongais de John Woo, le côté thriller de J.J. Abrams puis le pur divertissement pop-corn de Brad Bird, ce dernier restait à mon sens le meilleur car il réussissait à compiler les qualités de ses prédécesseurs en gommant les lourdeurs et le serious business. McQuarrie arrive donc un peu au moment du zénith, la tâche n’est finalement pas si aisée car ici il est question de faire péter le plafond, ni plus, ni moins.


On le sait la force de la saga c’est le spectacle (avec le suspense évidemment), donc nous voulons à juste titre du spectaculaire, et Rogue Nation nous en offre dès les premières minutes avec une intro époustouflante avant d’installer traditionnellement les enjeux de cette nouvelle aventure, Ethan Hunt (Tom Cruise) se retrouve confronté à un mystérieux syndicat criminel international dont il tente de démontrer l’existence tout en étant pourchassé par la CIA qu’il fuit suite au démantèlement de l’IMF, il rencontre sur sa route l’agent double Ilsa Faust (Rebecca Ferguson) qui l’aidera avec son ancien collègue Benji (Simon Pegg) à atteindre son objectif entre Vienne, Marrakech et Londres.
Sincèrement la première heure est vraiment très bonne, l’intrigue met en haleine, le rythme est parfait et le trio d’acteurs fonctionne admirablement, Tom Cruise persiste et signe avec encore une fois une performance remarquable, il faut dire qu’une star de cette trempe se fait de plus en plus rare à Hollywood, à 53 ans et une carrière parlant pour lui il ne semble jamais fléchir, over the top; Simon Pegg reste quant à lui la bonne pioche du casting depuis M:I 3, d’abord sous-utilisé puis mis en avant par Brad Bird il retrouve ce rôle très "à l’anglaise" tout à fait attachant; mais la véritable révélation se nomme Rebecca Ferguson qui campe ce personnage d’"action-femme fatale" au capital séduction enivrant et félin, un charme troublant proche d'Ingrid Bergman, coup de cœur.


Les morceaux de bravoure ne manquent pas et les séquences d’action (notamment les courses poursuites) envoient le pâté, puis s’entremêlent à des passages tantôt bavards tantôt (savoureusement) clichesques pour une deuxième heure sonnant un poil déjà vu, c’est au moment de l’opération de récupération de données dans la piscine que je me suis dis que le repompage commençait à sérieusement se voir, ou alors est ce volontaire, comme une sorte de coutume, je ne sais pas. Idem pour ce jeu de masques pour twister les tensions, les ressorts de la saga vous me direz, mais encore une fois utiliser les mêmes codes d’opus en opus font que ce dernier souffre inéluctablement d’une certaine forme de paresse pas mal agaçante, malheureusement. Et je n’ai pas franchement adhéré et compris la véritable utilité des personnages de Jeremy Renner et Ving Rhames qui épaulent le trio de héros principaux sans vraiment participer à l’action et les enjeux, mis à part le premier qui est une sorte de relais avec la CIA, mais le second n’apporte rien (sauf être l’acolyte de Hunt depuis le premier film), ils trimbalent leurs couennes pour remplir l’écran en somme.


Sans compter que le film se laisse aller à quelques absurdités, la pire étant je pense la finalité de la course en moto qui se désamorce elle même dans une facilité complètement déconcertante, comme si tous ces efforts de réalisation étaient utilisés en vain, scénaristiquement parlant, l’expérience cinéma c’est une chose mais si possible gardons un minimum de pertinence pour ne pas prendre le spectateur pour une buse, l’illusion ne prend pas. Fort heureusement arrivent ces dernières vingt minutes extrêmement haletantes où le "couple" Hunt-Faust donne un ultime ballet de flingues et de cascades très réussi, d’ailleurs ce que j’ai particulièrement apprécié c’est que cette semblante attraction entre les deux persos se termine de cette façon ...


Pas de baiser fougueux, le truc super attendu


... j’ai été très surpris que le script ne nous fasse pas rebouffer une bonne cuillère de cliché du genre, pour le coup c’est très appréciable. En revanche j’ai trouvé la conclusion du film passablement décevante, un peu comme une carotte annonçant "fatalement" un M:I 6 sans laisser d’attente particulière pour les fans, là c’est clairement établit qu’il y aura une suite (ou alors était ce déjà dans les tuyaux et je n’étais pas au courant), ce genre de chose n’est qu’un détail mais ça n’est pas franchement une bonne manière de couronner un boulot.


Rogue Nation reste tout de même un divertissement plus qu’acceptable par les temps qui courent, un bon moment de cinoche qui ne nous fait pas regretter le prix du ticket (coucou Jurassic World), assurément, d’ailleurs rien que l’argument "Cruise Movie" permet de nous rassurer on le sait. Seulement je m’interroge quant à la suite de cette saga qui à mon humble avis ne peut désormais que régresser, car soyons honnête tout à déjà été servit, le concept ne fait que se répéter, cependant les fans et amateurs de longs métrages d’espionnage (cercle dont je ne fais pas parti) pourront à n’en pas douter aisément y trouver leur compte.

Créée

le 11 août 2015

Critique lue 759 fois

31 j'aime

7 commentaires

JimBo Lebowski

Écrit par

Critique lue 759 fois

31
7

D'autres avis sur Mission: Impossible - Rogue Nation

Mission: Impossible - Rogue Nation
Sergent_Pepper
7

Rien de neuf, un effet bœuf.

Le plaisir éprouvé devant ce cinquième opus de la saga occasionne un questionnement légitime : comment expliquer qu’on puisse se satisfaire de l’inertie d’un tel cahier des charges lorsqu’on fustige...

le 12 août 2015

107 j'aime

9

Mission: Impossible - Rogue Nation
zombiraptor
8

Tom, sweet Tom

Rarement je n’ai été si reconnaissant envers le cinéma d’action actuel d’être ce qu’il est. C’est grâce à une uniformisation constante et résignée dans la surenchère et l’euphorie du second degré...

le 15 août 2015

92 j'aime

42

Mission: Impossible - Rogue Nation
SanFelice
7

Ethan Hunted

Christopher McQuarrie est le scénariste de Usual Suspects. Rien que pour cela, il mérite toute ma sympathie. Ayant aussi écrit le précédent Mission impossible, il a toute mon attention pour ce film...

le 13 août 2015

44 j'aime

12

Du même critique

Birdman
JimBo_Lebowski
7

Rise Like a Phoenix

Iñárritu est sans aucun doute un réalisateur de talent, il suffit de jeter un œil à sa filmographie, selon moi il n’a jamais fait de mauvais film, de "Babel" à "Biutiful" on passe de l’excellence au...

le 12 févr. 2015

142 j'aime

16

Star Wars - Les Derniers Jedi
JimBo_Lebowski
4

Il suffisait d'une étincelle

Mon ressenti est à la fois complexe et tranché, il y a deux ans je ressortais de la séance du Réveil de la Force avec ce sentiment que le retour tant attendu de la franchise ne pouvait m'avoir déçu,...

le 13 déc. 2017

137 j'aime

18

Taxi Driver
JimBo_Lebowski
10

Le Solitaire

Mon expérience avec Taxi Driver a commencée dans une salle de cinéma de quartier il y a 15 ans, tout jeune lycéen ouvert à l'œuvre des Kubrick, Tarantino, von Trier et autres P.T. Anderson, j’étais...

le 27 oct. 2015

131 j'aime

9