Esprit touchant

Produit la même année que Le Tombeau des Lucioles, qui est son antithèse dramatique, Mon Voisin Totoro fut la première consécration pour Hayao Miyazaki et le studio Ghibli, qui en fera sa mascotte ; ce long-métrage est donc précédé d'une certaine réputation, et brille d'une aura très enfantine, soit le genre d'œuvre à voir impérativement lorsque vous êtes gamins.

Ce ne fut malheureusement pas mon cas, d'où un visionnage relativement tardif, et malgré un sentiment mi-figue mi-raisin au sortir de ce drôle de conte, quel film… réjouissant !

Mon Voisin Totoro a en effet des allures d'Alice au Pays des Merveilles version soft japonaise, mais l'ensemble s'avère être d'une simplicité relaxante et d'une imagination immensément fertile : en soi l'intrigue n'est donc pas des plus fameuses, celle-ci s'apparentant à de la tranche de vie tout ce qu'il y a de plus banal, mais ce zeste de fantastique (au travers d'une mythologie locale haute en couleur) l'imprégnant avec délicatesse est proprement savoureuse.

Bénéficiant de l'incroyable patte artistique de Miyazaki et consorts, Mon Voisin Totoro brille sans surprise d'un visuel coloré des plus plaisants, servant au mieux cette plongée par intermittences dans un versant onirique et (pour ainsi dire) euphorique, le tout étant parfaitement épaulé par la superbe musique de Joe Hisaishi.

Les quelques apparitions de Totoro son ainsi salvatrices, tant elles sont originales et amusantes, car auréolées d'une naïveté marquante ; la face ébahi de ce personnage unique en son genre est ainsi hilarante, et on se doit de citer l'inoubliable chat-bus, figure aussi improbable qu'excellente en la matière.

L'enfance, thème récurrent chez Miyazaki, occupe naturellement une place prépondérante au sein de ce récit suivant les tribulations de deux fillettes, heureusement très attachantes ; la trame du quotidien se veut d'ailleurs assez efficace, cette petite famille s'avérant franchement touchante, et ses membres crédibles, tout en offrant des bribes de péripéties parfaitement égayées par Totoro et cie.

Si on excepte quelques longueurs parsemant le tout, heureusement compensé par une durée de film plutôt courte, l'ensemble se révèle attrayant de bout en long, et bien que Mon Voisin Totoro arbore bien des étrangetés, on est conquis.

Une expérience inoubliable en somme, où de simples gouttes d'eau sur un parapluie suffisent à déclencher des réactions chez le spectateur, chapeau.