"Un monde où rien ne pourrait aller de travers..."

Il est rare de voir un film mineur contribuer à autant de thèmes porteurs du cinéma populaire... sans même réellement s'en rendre compte. L'on pourrait dire de Westworld qu'il a aidé l'apparition d'Halloween, des Terminators et de beaucoup de ces films venus après lui où l'ennemi fait figure de protagoniste tant il est plus charismatique que ceux censés en triompher. Sans en avoir l'air, plus d'une carrière repose - et cela presque par accident - sur la performance flegmatique de Yul Brynner dans le rôle d'un automate déguisé en vacher par des organisateurs de vacances thématiques. Demandez à Arnold, je suis certain qu'il vous avouera un profond respect de cet homme chauve venu d'une autre époque. Probablement à cheval, d'ailleurs. Il avait l'air très à l'aise dans le domaine équestre ce Yul Brynner.


L'on pourrait dire - attention, cela s'appelle une transition - que Michael Crichton était l'un des meilleurs chevaux de somme de l'industrie littéraire. (Remarquez que j'ai bien dit "de l'industrie littéraire" et non pas "du monde de la littérature", je ne compte pas aller jusqu'à considérer ses étranges cale-portes comme des réussites stylistiques majeures et ça même si l'homme a su profiter des grandes surfaces pour véhiculer ces mots un peu partout.) Il n'était pas très fin. Ni très rapide. Mais, fichtre, il abattait la besogne. Page après page de dialogues explicatifs clinquants contenant d'énormes concepts aisément adaptables en blockbusters nécessitant un gigantesque budget d'effets spéciaux. Les dinosaures clonés? C'était lui. Le concept du "parc d'attraction dont les divers manèges deviennent dangereux"? Itou. George Clooney... spécialisé en pédiatrie?! Hun-hun.


Cependant, en 1973, Crichton n'en était encore qu'à ses balbutiements. Il n'imaginait pas encore qu'un jour il devrait prendre la plume pour écrire d'étranges discours sur le fait que le réchauffement climatique est une fable rêvée par de sales hippies communistes. (C'était, paradoxalement, sa seule sortie dans le monde politique.)
Non, il pensait simple : et si, dans le futur des seventies, l'humain était tellement lassé de sa vie de confort qu'il se sentait prêt à dépenser des fortunes pour vivre une version édulcorée des temps anciens peuplée de robots produits pour être dézingués. Une théorie assez visionnaire à une époque où beaucoup de nos concitoyens payent très cher pour vivre quelques jours de manière rude.
Pour ce que j'en comprends cela s'appelle "faire de la randonnée".


Beaucoup des faiblesses stylistiques du film Westworld sont d'ailleurs imputables à Michael Crichton : en tant que réalisateur il était, au mieux, compétent.
Ce qui n'est déjà pas si mal, en fait.

MaSQuEdePuSTA
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le 16 oct. 2016

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