Eh oui, les paroles de sa mère, Brian s’y fiait. D’après elle, il était le fils du juif Cohen. Or, elle finit par lui avouer que son père était un centurion romain. Ces romains que Brian avait appris à détester.


La mère de Brian ? Parlons-en. Une femme à la voix de fausset qui s’est fait chiper l’or, l’encens et la myrrhe que les rois mages lui avaient apportés dans l’étable où Brian reposait tout bébé. Ils venaient l’adorer, en tant que sauveur de l’humanité…


Erreur sur la personne ? Mais on ne se refait pas. Si Jésus devient prophète pour vivre son calvaire (loin des caméras), Brian finira malgré tout par être suivi par une foule en délire d’adorateurs qui voient des miracles là où il n’y a strictement rien. Brian a beau leur dire qu’ils ne doivent pas vivre en moutons incapables de penser par eux-mêmes, ils sont conditionnés par ceux qui ont cru déceler en lui le messie.


En vérité je vous le dis, ce film totalement iconoclaste renferme de nombreux moments hilarants. Il fait partie de la meilleure période des Monty Python. Avec cette vie de Brian, ils enfoncent le clou (et ils s’y mettent à 5, les salauds). Non décidément, pour eux, rien n’est sacré.


Ironisons à leur façon : Where is Brian ?... Brian is in the kitchen ! Oh non, pas vraiment. C’est l’occasion de signaler le jeu sur les prénoms. Brian est un prénom anglophone très commun, comme Kevin, John, Steven, etc. Vous savez, tous ces prénoms popularisés par la diffusion massive de la culture anglo-saxone. Si les voir supplanter nos traditionnels Pierre, Paul et Jacques peut surprendre, dans la bouche d’un centurion romain l’anachronisme est savoureux. A mettre en perspective avec la scène où Reg le vindicatif affirme qu’il faut expulser l’oppresseur Romain qui n’a rien apporté de bon. Ses compagnons de lutte dressent alors l’inventaire des quelques bienfaits néanmoins observés (faut être juste) et… la liste s’allonge. Rien n’est simple et si chaque culture a sa richesse, les échanges apportent également beaucoup. Voilà pour ceux qui prendraient les Monty Python pour des petits rigolos sans envergure.


Sur un ton très personnel où tout est pris à la dérision, dans un festival de non-sens, la vie réserve bien des surprises à Brian, montrant comment le hasard peut propulser un anonyme au rang de prophète (selon un parallèle osé et avec des variations pour le moins farfelues). Je recommande particulièrement la séquence de la lapidation. Mais la fin, où nos larrons invitent les uns et les autres (même dans les situations les plus désespérées), à prendre la vie du bon côté en chantant, vaut également son pesant d’or.


Le casting est dominé par John Cleese qui, comme ses compères Monty Python, joue plusieurs personnages (plusieurs dizaines en tout), dont Reg le chef du FPJ (Front du Peuple de Judée), alors que Graham Chapman est Brian et Terry Jones… sa mère.


La mise en scène est suffisamment fluide pour maintenir l’attention du spectateur du début à la fin. On a beaucoup moins l’impression d’une accumulation de sketches que dans Sacré Graal par exemple, grâce au fil conducteur qu’est La Bible, le film en présentant de nombreuses situations détournées façon Monty Python. L’humour prend toujours le dessus, dès le générique animé entièrement dû à Terry Gilliam qui a abandonné la réalisation générale à Terry Jones, pour éviter les chamailleries du tournage de Sacré Graal. L’humour des Monty Python est très particulier et ils ne reculent devant aucune provocation, jouant sur des physiques aux apparences banales pour se mettre dans les situations les plus incongrues. Le film date de 1979 et cela se sent dans le rythme et les moyens, mais quelle poilade ! Le titre l’indique, il ne s’agit pas d’une charge contre le christianisme, même si La Bible sert de référence religieuse. L’objectif des Monty Python est bien de se moquer de tous les fanatismes, d’ironiser sur leur naissance et leur propagation. Bien plus que la ferveur religieuse, c’est la bêtise humaine que le film pointe du doigt.


L’humour est un puissant levier. Il est intéressant de savoir que le film eut quelques soucis avec la censure. Ainsi, il fut interdit pendant 8 ans en Irlande et 1 an en Norvège, ce que la production exploita pour la promotion en Suède, annonçant « Le film tellement drôle que les Norvégiens ont dû l’interdire. »

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le 27 juin 2014

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