La nostalgie de l'enfance est un sujet récurrent au cinéma et on se souvient très récemment de Toy Story 3 à ce sujet. A la fin du film en particulier, Andy prêt à parti à l'université, va une dernière fois jouer avec ses jouets avant de les passer à la petite Bonnie qui en prendra grand soin.
Le dernier réalisateur à se coller au thème est donc Wes Anderson avecv Moonrise Kingdom, présenté en ouverture au 65e Festival de Cannes.

Dès les premiers plans, on pense irrémédiablement à un coffret à jouets que le réalisateur a décidé d'ouvrir sous nos yeux. Un peu comme s'il était monté dans son grenier pour ressortir des personnages dans une maisonnette en bois, il fait bouger sa caméra sur un axe de pièce en pièce de la demeure familiale, comme un gamin s'amuserait à regarder toutes les petites scènettes qu'il a mis en place pour jouer avec. On pourrait croire que c'est Anderson enfant qui raconte son histoire, usant de cette impression de jouet tout au long du film (il fait, par exemple, démarrer instantanément un petit bateau à voile comme s'il était poussé par une main enfantine – un vrai bateau aurait mis du temps à prendre le vent) mais on découvre que c'est bien le réalisateur nostalgique qui exprime son sentiment au spectateur, notamment grâce à une image jaunie et un coté vieillot apparent dans l'ensemble des décors et costumes.

Aidé par des acteurs qui jouent la caricature (et un Bill Murray un peu en retrait), Anderson raconte l'histoire deux gamins entrant dans l'adolescence. Elle est un peu à part au sein de sa famille. Lui est un orphelin que la famille qui en a la garde envoie en camp scout. Ils vont se rencontrer, passer par la case « regard qui dit qu'on va rester ensemble » et partir ensemble pour l'aventure. Qui, petit garçon ou petite fille, n'a jamais eu envie de la vivre, cette aventure. De partir loin des parents et d'aller vivre au bord de l'eau dans une cabane ? Tout le monde y a pensé. Eux le font. Malheureusement, ils le font dans un environnement peuplé d'adultes qui veulent remettre la main sur leur progéniture.

Accompagné par Edward Norton et Bruce Willis en particulier, tous les deux parfaits, et une poignée de cameo sympathiques dont l'inévitable Jason Schwartzmann sont les deux enfants, Kara Hayward et Jared Gilman qui portent le film à deux et semblent absolument taillé pour les personnages. L'ensemble est donc fortement sympathique et l'on regarde leur aventure avec plaisir se doutant du happy end évident à ce genre d'histoire enfantine.

Malheureusement, cette ambiance de vieille photo jaunie retrouvée dans une boite à chaussures, cette mise en scène semblant sortir d'un coffre aux jouets, si elle est mignonne est sans doute trop imagée et décalée pour que le spectateur que je suis ait pu vraiment s'impliquer dans le film.
L'autre problème vient sans doute du fait que certains thèmes ont déjà été évoqués par Pixar. Et sans donner dans le déjà-vu, on ne peut s'empêcher de penser au jeune Carl Fredericksen et à Ellie dans Là-Haut. Dans le film de Bob Peterson et Pete Docter aussi, on se doute qu'au premier regard ces deux là finiront ensemble et auront envie de partir ensemble à l'aventure. Finalement, Moonrise Kingdom n'est rien d'autre que le tout tout début de Là-Haut, étalé sur 1h35 et dans lequel interviendraient des adultes pour mettre des bateaux dans les roues de Sam (qui emprunte d'ailleurs quelques éléments à Russell, notamment en ce qui concerne le scoutisme) et de Suzie.

Evidemment, ça n'enlève rien aux qualités du film de Wes Anderson mais c'est un peu dommage. Le nostalgique de l'enfance que je suis aurait aimé être impliqué un peu d'avantage.
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le 18 mai 2012

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