You're going to kill me, Snake ?
Ce qui m'a frappé lors du visionnage de ce film, c'est la justesse avec laquelle Carpenter a réussi à créer son ambiance. New York est ici plus sale que jamais, glauque à souhait, pullulante de vermines, puante et suintante. C'est ici que l'expression "à feu et à sang" prend tout son sens.
Et oui, Manhattan est devenue une gigantesque prison laissée à la merci d'une armée de criminels. Et pour créer cela, y a-t-il meilleure idée que de filmer dans les ruines d'une vraie ville incendiée ? C'est là qu'on se rend compte à quel point il n'y a rien de mieux (avec du talent bien sûr) que des décors faits à la main, qu'ils soient tournés en studios ou sur place, pour créer ce genre d'ambiance. Ici, Snake avance dans des décors plus vrais que nature, et l'immersion est immédiate. Les costumes des bad guys, dans un style proche de celui de Mad Max, renforcent également ce côté dark-punk. Tout de suite, on sent qu'ils en ont dans le ventre, et on sent qu'ils vont castagner. Les quelques scènes d'actions seront d'ailleurs très bien réalisées.
Et pourtant je dois dire que ça partait mal... Considéré comme une oeuvre culte du cinéma d'action/anticipation, et ayant inspiré l'icone populaire qu'est Solid Snake, j'avais forcément un minimum d'attente. Pourtant, j'ai trouvé le début assez cliché, les réponses badass de Snake m'ont semblé un peu too much, non pas dans le jeu de l'excellent Kurt Russel, mais dans l'écriture tout simplement. Les traits du grand anti-héros badass cool étaient un peu trop forcés, comme si on avait voulu nous montrer tout de suite qui c'est le patron, mais sans faire preuve de subtilité. Evidemment, maintenant que je suis attaché au personnage, j'apprécierai peut-être bien plus cette scène, mais le côté exagéré "assumé mais pas trop car ça reste sérieux" ne m'a pas convaincu sur le moment.
Mais ceci s'est vite fait oublier une fois l'arrivée à New York, la sauce prend tout de suite, on est dans l'ambiance. On arpente la ville avec le héros, on découvre une après une ses horreurs, dont une scène que j'ai trouvé particulièrement marquante et pourtant filmé avec un détachement remarquable. Voilà donc certainement la plus grande force du film, celle de nous présenter deux antipodes, la vie à l'intérieur de la prison et la vie à l'extérieur, avec cette question au dessus de nos têtes : lequel des deux côtés de la barrière est le plus pourri, celui des condamnés, ou celui de leurs bourreaux ?
Car ce film on l'aura vite compris, critique la justice américaine, la politique, et le grand fossé se trouvant entre les différentes classes.
Arrive alors ce que je reproche au film, le fait d'être trop court. Tout ce qu'il fait, il le fait très bien, mais j'ai trouvé que le déroulement était quand même très rapide et que le tout manquait de péripéties, ou de découvertes sordides. J'aurais aimé qu'on me présente un peu plus les différents clans dont on a pu avoir un aperçu, j'aurai aimé que les actions des criminels soient plus féroces, pour "justifier" le fait que l'on se trouve dans un tel décors. Au final, The Duke et ses hommes ne feront pas grand chose pour arrêter Snake, ils resteront assez soft, et c'est là qu'il y a une légère perte de crédibilité.
Mais il ne faut pas oublier que c'est un film à petit budget, et il faut applaudir le travail de Carpenter sur cette réalisation avec un tel budget. Je félicite encore une fois le travail sur l'ambiance, vraiment très réussi.
A voir, en sachant que ça reste un film de mecs, fait par des mecs et pour des mecs ! AVEC DES GROS GUNS !! OUAIS !!