Dire que j’aime les tortues ninja et et me suis aventuré dans ce nouveau film avec un a priori positif confinant à la folie serait un euphémisme. J’ai grandi avec leur histoire et leur fraternité, tous ces trucs débiles de la bd de Eastman et Laird que j’ai lue et relue et relue, alors bon.
J’ai eu envie d’aimer ces tortues ninja là. D’ailleurs, je les ai aimées.
Et avec le visionnage de ce film, j’ai tenté une expérience : la realive critique, commenter pendant le visionnage. Ça donne une critique aussi foutraque que le film, pas équilibrée mais généreuse et grandiloquente.
Il pourrait s'y glisser quelques menus spoilers, notamment sur des blagues faites par les héros. Rien de grave et pas de révélations de l'intrigue elle-même cependant.
Tortues ninja ça commence comme Jurassic Park. C'est l'impression que ça fait en tous cas.
Après t’as une jolie fille qui est là, bon elle est jolie. D’ailleurs c’est uniquement pour ça qu’elle est là parce qu’elle joue super mal. Mais elle est très très très jolie. Les mecs l’ont recrutée juste à cause de sa plastique, ses yeux et son cul et c’est pas du tout sexiste n’est-ce pas ? C’est une très jolie fille qui joue très mal et qui n’a qu’une seule expression. On ne comprend rien à son jeu. Voilà.
Et puis à un moment il y a une prise d’otage. Les lumières s’éteignent, un métro passe. Les lampes à l’intérieur du train éclairent la scène comme un stroboscope en boite de nuit. Je pense que dans une gare de métro, c’est le train le plus long, c’est un putain de record du monde, c’est le train le plus long que la terre ait porté. Il doit faire dans les trois, quatre kilomètres. On dirait le transperceneige.
Et puis ensuite, il y a le moment où les tortues se présentent. Alors il y a une blague marrante avec la tortue ninja un peu attardée, là, en orange. Officiellement c'est Michaelangelo mais on dirait vraiment un gosse avec un problème. Comme le blondinet dans Elephant, mais pire. Ils disent :
« On est des ninjas.
— On est des mutants.
— Enfin, techniquement on est des tortues. » Jusque là, ça va. Ç'est un peu forcé mais ça passe encore.
Et t’as le dernier qui dit : « Ouais mais euh, on est des ados. » We are teenagers. Sans déconner. Juste pour le titre. C'est la punchline la plus minable que la terre ait portée. La punchline est aussi nulle que ce que le métro dans la scène d’avant est long. Voyez.
Oh my god. Juste après il y a une putain de scène où les tortues balancent leur prénom alors qu'elles sont supposées rester cachées mais elle le font sans faire exprès, elles se parlent et forcément elles s’appellent par leurs prénoms. Et alors il y a la nana canon, April, qui répète « Raphael » et la caméra vient tourner en contre-plongée autour de la tortue qui sort les saïs, fait une moulinette avec les mains et les range. Raph' regarde la caméra avec des yeux menaçants et badass mais c'est kitsch putain c'est impossible de s'immerger, il y a toujours un truc tellement pitoyable.
Et puis bien sûr le moment de OHMAGADOMHAGDA Splinter Maître Splinter !
Bon déjà, Splinter, il est amené par une sorte de twist absolument minable sur l’histoire des tortues, qui ne correspond à rien si ce n’est à un truc encore plus con que ce qu’on pouvait imaginer. Et donc Splinter a une queue de rat, c’est normal c’est un rat, qui mesure environ quatre mètres et peut s’étendre à volonté ou alors j'ai de graves problèmes de perspective. Splinter attrape les tortues par la queue. On se dit qu’il va les montrer à ces messieurs, que ces messieurs vont lui dire de les tremper dans l’eau puis de les tremper dans l’huile et qu’ensuite probablement ça fera un escargot ninja mutant et adolescent bien entendu.
Par contre juste après il y a une très bonne vanne avec l’héroïne merdique mais canon et Whoopy Goldberg, la rédactrice en chef du journal qui a demandé à April de raconter ce qu'elle a vu. Elle lui dit : « T’es en train de m'expliquer qu’il y a des tortues géantes de deux mètres et qu'elles parlent anglais, je voudrais pas rire de toi, mais il y a autre chose que je devrais savoir ? »
La réponse qu'April lui fait, tu ne peux qu’éclater de rire parce que franchement t’as l’impression d’être un mec qui regarde un mec qui regarde un mec qui regarde des tortues ninja qui regardent un mec qui regarde des tortues ninja.
Tu vois Inception à côté ? Et ben, c’est exactement comme The Dark Knight Rises par rapport à Eyes wide shut tu vois.
Malheureusement, quelques minutes après cette super vanne, il faut qu’April gâche tout avec une phrase merdique et très premier degré.
Tu as du coup le droit à une petite manifestation du pire jeu d’actrice qu’on ait vu depuis longtemps. Tu ne comprends pas ce qui se passe parce que tu ne comprends pas ce qu’elle comprend et d’ailleurs tu te dis qu’elle non plus ne comprend pas très bien.
Au moment où on commence à se dire qu’il ne se passe rien, ou rien de notable, ou qu’on se laisse happer sans savoir si c’est par la torpeur ou le film Ô miracle, la révélation d’un autre twist sauvage apparaît. En fait, on se demande si c'en est un parce qu’on a vu le truc venir de loin loin loin mais il semble que oui, c'est mis en scène comme une révélation importante.
Et puis ils sont quand même trop maquillés les mecs, ça se voit en gros plan, un peu comme Jean Dujardin dans la dernière pub Nespresso.
Y'a tout ce fatras qu'on comprend pas parce qu’elle était pas mal du tout l’histoire à l’origine, les deux clodos qui ont inventé les tortues ninja avaient fait un boulot plutôt sérieux.
Les tortues avaient toutes un bandeau rouge et évoluaient dans une ambiance assez dark.
Niveau design des tortues, ils se sont lâchés. C’est original. On en pensera ce qu’on en veut, c’est pas dégueu et si c'est un poil caricatural, on peut pas s'empêcher de leur trouver un certain charme (à part peut-être Donatello). C'est l’adaptation de l’histoire qui craint en fait. Qu'est-ce qu'ils ont eu besoin d'enlever des éléments valables pour les remplacer par de la merde en scripts ?
Et puis putain, Megan Fox, cette actrice dont on dirait qu’elle a vingt-deux ans alors qu’elle en vingt-huit, elle est botoxée de partout sérieux, son front, il ne plie plus, ses sourcils ne montent plus, elle ne peut plus elle est bloquée, qu'est- ce qu'ils sont allés nous la foutre là ? C'est pour attirer l'ado prépubère, la cible du film ? Nickelodeon met tous les atouts de son côté pour remporter le pactole ? Sérieusement, c'est risible autant que déplorable.
Et puis les Dalton, dans l’ordre, magnifique. Clap de fin. Ah non ? Ça continue après les tortues ninja Dalton ? Je sais pas si ce plan est fait exprès, mais après tout pourquoi pas, les Dalton, c'est fun et le film est fun et péchu dans l'ensemble. Les scènes d'action envoient du bois, il y a quelques blagounettes pour ponctuer les combats et autres courses-poursuites même si la caméra tourne un peu trop pour donner l’impression du sensationnel et un moment WTF jubilatoire dans l'ascenseur.
Je voulais aussi vous parler des tortues qui sont bulletproof, pare-balles. Parce qu’il y a une phrase dans le film, prononcée par une tortue, elle dit qu’elle est bulletproof mais il s’avère que c’est à prendre au sens propre alors je me suis dit que je n’allais peut-être pas l’évoquer, c’était pas nécessaire. Ça risquait de faire trop.
Ce film est tout de même étrange. C'est un gros film d'action avec plein d'effets spéciaux et de CGI partout et pas tant un film de tortues ninja. On ne s'ennuie pas si on occulte toutes les invraisemblances et les libertés prises avec la physique par exemple ou la mythologie originale.
En fin de compte, une seule question valable demeure : où est Casey Jones bordel ?!
