Je n’ai ni l’envie, ni le courage, de pondre une analyse poussée de ce film que je voulais voir depuis longtemps. J’ai même hésité à laisser quelque chose.

Le travail des frères Coen est, à juste titre, souvent remarqué par la critique et encensé, avec en tête de proue Fargo ou The big Lebowski. Il est assez évident que les deux frangins aiment le ciné et nous le rendent.

Ce thriller, ou plutôt cette relecture d’un genre éculé, est en ce sens parfois magistral. C’est beau, violent, terrible. Nous plongeons avec Tommy Lee Jones et Josh Brolin dans une Amérique en pleine crise, celles des années 80. Défaite au Vietnam, humiliée en Iran, la morale explose, on ne dit même plus bonjour aux vieux bref, c’est la chienlit. Dans ce sombre tableau, Javier Bardem illumine de toute sa noirceur ce film, faisant de son personnage, l’un des plus beaux salauds de toute l’histoire du cinoche.

Longtemps, je suis resté scotché. J’ai décidé de laisser de côté les facilités avec laquelle le tueur retrouve le pauvre Brolin, avec laquelle tout le monde le retrouve en moins de trois heures à une époque où il n’y avait pas encore le net pour tous, les satellites pour tous ou le CAT de Jack Baueur pour nous courser. Et puis vint le drame. Cette fin, longue, qui vint accentuer davantage les longueurs qui avaient commencé à poindre. On pourra me dire que c’est ouvert, que je ne comprends rien au cinoche, qu’il y a matière à réflexion, qu’un film ne peut tout expliquer. Oui, je sais. J’ai mis 8 à Only god forgives. Mais là clairement, en dehors du casting, Tommy Lee Jones a de moins en moins d’intérêt au fur et à mesure que le film avance. La fin en devient même longue. Les deux derniers échanges m’ont laissé sur le côté. J’ai regardé ma montre.

Un très bon film, très maîtrisé sur la forme, percutant quant au jeu et à certains dialogues MAIS, aussi, des facilités et un rythme final pas nécessairement convaincant. Se reposant sur le casting, par paresse, par envie peut-être, le scénario a fini par se déliter dans une volonté réflexive assez mal amenée autour de ce shérif qui ne comprend plus le monde l’entourant.

Un très bon film, mais non exempt de faiblesses à force de chercher. C’est vache pour le casting, impeccable, mais j’ai décollé très vite, suis resté en haut très longtemps, et suis redescendu avec la drôle d’impression d’être passé à côté d’une perle rare.
Aqualudo
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le 18 nov. 2013

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Aqualudo

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