Intense, beau, ambigu, violent...
Coup de poing dans la gueule. A tous points de vue. Ce film est un puzzle fou et complexe. C’est à la fois un thriller et un film psychologique où se mêlent différents sentiments et où les frontières sont floues, ce qui provoque un malaise certain. Ainsi de la vengeance peut naître le plaisir ; de l’amour peut naître le dégoût ; du désespoir peut naître le rire…
Le récit présente deux personnages (dont Choi Min-Shik (Oh Dae-Soo) qui fait une énorme interprétation) animés par la vengeance. Oui ce film parle de vengeance. Pour l’un, elle sera brutale, violente, expéditive, animale. Pour l’autre elle sera lente, froide, calculée et ludique. Et quand la première est en plus de ça façonnée par la seconde, on en perd notre latin (plutôt notre coréen) dans cette enquête où les indices sont distillés de façon métronomique.
Finalement les deux points de vue peuvent attirer notre sympathie, malgré les méthodes employées. Car ce film hurle sa violence, qu’elle soit psychologique (l’isolement) ou réelle (l’arrachage de dents). Et plus que la violence encore, il y a le malaise au fur et à mesure qu’on s’approche de la fin que l’on devine inéluctable.
Tout ce complexe tableau, thriller haletant, miroir intense de la dureté et de l’étrangeté des sentiments humains en conditions extrême, est en plus de bout en bout maîtrisé visuellement. Park Chan-Wook est un virtuose, proche du style de David Fincher : chaque plan est magnifié, chaque transition est fluide, chaque lumière est adéquate, chaque cadrage est étudié... C’est un vrai régal à regarder (comme cette incroyable séquence de bagarre dans le long couloir) et ça donne une sacrée leçon de cinéma.
Bref, un récit dense et original, allié à une dense multiplicité de sentiments, le tout dépeint de main de maître, ça vous prend aux yeux mais aussi aux tripes.