Omelette à la flamande
Omelette à la flamande

Court-métrage de Hans Herbots (1995)

Film visionnaire sorti en 1995, Omelette à la flamande de Hans Herbots devrait être montré partout et largement diffusé tellement son contenu reste d’actualité. Il devrait circuler sur Internet si une bonne âme daignait le placer sur YouTube ou Dailymotion. Malheureusement, seule une vieille VHS est encore disponible à la Médiathèque de la Communauté française, sur une compilation de courts-métrages intitulée « Court toujours tu m’intéresses ! » (vol. 7).


Et de quoi parle donc ce petit film, me direz-vous ? Eh bien le principe de base est assez simple : une guerre meurtrière éclate entre les gouvernements belges et hollandais. Une des premières images montre un coq qui explose à cause d’une balle perdue (métaphore ? Noooon, n’allez surtout pas croire ça !) La Hollande est déjà parvenue à annexer en grande partie la Flandre, à l’aide de milices privées. Les médias étrangers anglophones se chargent de couvrir le conflit et s’interrogent sur le fait que des ressortissants belges soient déportés dans des « centres d’évacuation » (!)


Omelette à la flamande suit principalement le personnage d’une vieille dame et de deux soldats. L’un de ces derniers se fait tirer dessus au sniper, ce qui oblige le trio à se réfugier sous une Jeep. En parallèle, nous suivons également l’évolution de l’actualité par l’intermédiaire d’une télévision située non loin de la cachette des soldats et de la vieille dame.


Ce court-métrage souligne avec habileté l’hypocrisie virulente des politiciens de tous bords qui, à quelques exceptions près, semblent tous bien s’accommoder de cette guerre meurtrière. Ils la gèrent en tout cas de manière catastrophique et un homme politique hollandais va jusqu’à accuser les médias qui tente de dénoncer le comportement de son pays d’utiliser des « raccourcis intellectuels ».


Mais les médias, eux aussi, ne sont pas épargnés par la satire du réalisateur, Hans Herbots : on retiendra surtout cette scène où le présentateur d’un journal anglophone traite le cas d’un jeune psychopathe ayant assassiné sa famille. En parallèle à ces images télévisuelles, le cinéaste choisit de montrer des images des exactions liées à la guerre (il s’agit également, après tout, de meurtres « en série »…) Herbots veut-il souligner par cette scène que nous avons affaire à des gouvernements bien plus psychopathes et destructeurs qu’un tueur fou isolé ? Il est en tout cas permis de le croire.


(cette critique est parue dans le magazine satirique "Le Poiscaille" en septembre 2010 : www.lepoiscaille.be )

JJC
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le 12 déc. 2015

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