Après la bérézina de la comédie Sa Majesté Minor, Jean-Jacques Annaud est revenu vers ses valeurs sûres. Tourné en Tunisie et au Qatar, Or noir donne dans l'épique aventurier un peu old school, orientation déjà convoitée par Annaud (Deux frères ; plus tard, Le dernier loup). Les moyens sont massifs, mais les paysages resteront les plus éloquents. Comme convenu, Or noir ressemble à du Lean light dont les ambitions consistent à en mettre plein la vue et prendre des airs grandioses. Malheureusement, les sentiments semblent occuper une place secondaire tant leur façon d'occuper l'avant-scène est indistincte. La volonté de faire pharaonique est évidente mais le résultat est loin d'en imposer.


Si le contexte est engageant et le postulat de base charmant, la séance vire rapidement à l'empilage sans caractère ni sensualité. Sur le plan politique, Or noir survole les implications sans évoquer les suites ou prendre parti expressément. Le regard porté sonne progressiste scolaire amené à relativiser ses propres enthousiasmes, ou plutôt la pureté de ses origines. Dans tous les cas, la tempérance l'emporte, quoique les différences avec l'apathie honnêtement documentée soient peu évidentes. C'est que le faste et le glamour doivent pouvoir s'étendre ; pourtant leur épanouissement est si peu flamboyant, le peu de place accordé aux femmes y est pour une bonne part, l'écriture pour le reste.


L'ensemble est très mou, les dialogues abusivement convenus et le personnage principal assez navrant. Tout le long ce jeune prince (Tahar Rahim, le 'phénomène' d'Un Prophète) traîne sa tête de chien battu et est poussé dans des costumes pas à sa mesure ; si son altesse Auda rejette la mystique du sang et remet en question les traditions, Tahar Rahim est également assez improbable dans la peau du chef de guerre triomphant. Le véritable succès d'Or noir, c'est de pousser les anti-Ridley Scott à relativiser leurs jugements (pour Kingdom of Heaven notamment, autre film en costumes politisé lourdement mais au second degré), ou à trouver par contraste des vertus à la nouvelle vague de péplums (Troie, 300, Pompéi etc).


https://zogarok.wordpress.com/2016/01/03/or-noir/

Créée

le 1 janv. 2016

Critique lue 533 fois

2 j'aime

3 commentaires

Zogarok

Écrit par

Critique lue 533 fois

2
3

D'autres avis sur Or noir

Or noir
Yanhic
7

Lawrence d'Arabie 2011

On croyait les fresques et épopées au royaume des Mille et une nuits mortes et enterrées depuis belle lurette. Jean-Jacques Annaud se fait un plaisir de nous prouver le contraire avec Or noir, vaste...

le 27 nov. 2011

7 j'aime

3

Or noir
AMCHI
7

Flop immérité sorti au moment des Intouchables

On a connu Annaud plus inspiré et Or Noir a ses défauts pourtant ce film connaît un échec totalement immérité. Or Noir est un beau film d'aventures qui en outre nous fait un peu découvrir Le Coran...

le 16 nov. 2015

6 j'aime

5

Or noir
Gand-Alf
5

Patrie du dollar, du pétrooooleuuuuuuu (air connu).

Jean-Jacques Annaud abandonne les délires païens pour revenir à la grande aventure (oui, celle qui fait hurler, celle qui fait frémir), partant d'un sujet passionnant (la guerre de deux clans sur...

le 17 déc. 2012

5 j'aime

Du même critique

La Haine
Zogarok
3

Les "bons" ploucs de banlieue

En 1995, Mathieu Kassovitz a ving-six ans, non pas seize. C'est pourtant à ce moment qu'il réalise La Haine. Il y montre la vie des banlieues, par le prisme de trois amis (un juif, un noir, un...

le 13 nov. 2013

49 j'aime

20

Kirikou et la Sorcière
Zogarok
10

Le pacificateur

C’est la métamorphose d’un nain intrépide, héros à contre-courant demandant au méchant de l’histoire pourquoi il s’obstine à camper cette position. Né par sa propre volonté et détenant déjà l’usage...

le 11 févr. 2015

48 j'aime

4

Les Visiteurs
Zogarok
9

Mysticisme folklo

L‘une des meilleures comédies françaises de tous les temps. Pas la plus légère, mais efficace et imaginative. Les Visiteurs a rassemblé près de 14 millions de spectateurs en salles en 1993,...

le 8 déc. 2014

31 j'aime

2