C'est peut-être en refusant d'être de son temps qu'on devient intemporel et c'est peut-être aussi en s'adonnant à l'artifice qu'on s'approche le plus de la vérité des sentiments. Ces idées me trottaient dans la tête en regardant pour la première fois Pauline à la plage d'Eric Rohmer. J'avais enregistré le film sur VHS il y a presque une décennie mais j'avais différé le visionnement par peur d'être déçu.
Quel incroyable contraste entre la représentation de l'adolescent dans ce film et dans les autres films, d'hier comme d'aujourd'hui. Le personnage de Pauline est totalement dépourvu de ces tics de langage qu'on se croit obligé d'adopter dès lorsqu'on s'attache à filmer des moins de vingt ans. Et les adultes n'éprouvent pas non plus le besoin d'adapter leur façon de parler . Et, du coup, le décalage des générations est beaucoup moins sensible qu'ailleurs. Les discussions interminables s'enchaînent sur la naissance de l'amour sans que jamais l'ennui ne pointe le bout de son nez et ce, malgré l'incroyable affectation d' Arielle Dombasle (parfaitement en accord avec son personnage, cela dit). Les dialogues sont très écrits mais, étrangement, grâce à la vérité de la direction d'acteurs, l'adhésion du spectateur est totale (disons, du moins, la mienne!).
Le film fut distribué en 1983 et j'avais donc sensiblement le même âge qu' Amanda Langley à l'époque du tournage. Amanda est moins étincelante que Judith Godrèche dans La fille de quinze ans mais le charme du timbre de sa voix (à la fois grave et enfantin) opère longtemps. Si j'avais vu le film au moment de sa sortie en salles, nul doute que j'aurais été gêné par le très bel hommage que rend Féodor Atkine-Henri à sa beauté naissante ; aujourd'hui où j'ai largement dépassé l'âge d'Henri, je suis simplement frappé par l'hédonisme magnifique de cette scène, l'une des plus belles du film et qui donne envie d'aller faire plus qu'un tour du côté des autres films de Rohmer.
Eric_Aussudre
7
Écrit par

Créée

le 25 déc. 2014

Critique lue 672 fois

5 j'aime

1 commentaire

Eric_Aussudre

Écrit par

Critique lue 672 fois

5
1

D'autres avis sur Pauline à la plage

Pauline à la plage
Andy-Capet
7

Pauline à la cafét'

Ah ce film ! Il a l'odeur de la peau de Pauline, la peau des vacances... Derrière la sitcom d'une adolescente qui vit pour la première fois - et en miroir - ce que font "les plus grands", il y a ce...

le 3 nov. 2012

24 j'aime

22

Pauline à la plage
EricDebarnot
8

Erection, piège à cons

En 1983, nous fûmes nombreux à considérer qu'avec ce solaire "Pauline à la Plage", Eric Rohmer avait atteint une sorte de sommet formel et thématique de son œuvre. Séduits par les formes d'Arielle...

le 7 sept. 2022

18 j'aime

6

Pauline à la plage
Fleming
8

Le désir amoureux, selon Rohmer

(Spoilers) Marion (26-28 ans) et sa cousine Pauline (15) viennent passer 2 ou 3 semaines dans la villa que la première, styliste parisienne récemment divorcée, possède dans une petite station...

le 11 juin 2019

8 j'aime

8

Du même critique

L'Héritière
Eric_Aussudre
10

Critique de L'Héritière par Eric_Aussudre

SensCritique n'offre pour le moment aucune critique négative de The Heiress et pour cause, le film est l'un des plus grands chefs d’œuvre de l'âge d'or hollywoodien et il faudrait être de sacrément...

le 19 mai 2015

12 j'aime

7

The Edge of Seventeen
Eric_Aussudre
7

Le Teen Movie, mon Slasher à moi

Rares sont les amoureux du cinéma qui ne connaissent pas d'égarement. Peu nombreux sont ceux qui, d' Ordet à Still Life n'ont jamais dévié d'une stricte orthodoxie cinéphilique. Les déviances ont...

le 7 juil. 2017

8 j'aime

8

Lolita
Eric_Aussudre
3

Lolita malgré moi

Je savais qu’Adrian Lyne n’avait pas bonne réputation auprès des cinéphiles mais n’ayant vu aucun de ses films précédents, j’étais bien décidé à lui laisser sa chance d’autant que j’étais curieux de...

le 3 janv. 2015

8 j'aime

5