Un thriller superbe jouant sur les paradoxes du temps

Le très écclectique et trop rare John Woo se laisse souvent aller aux films de Hong-Kong, mais il a aussi sur faire un "Mission impossible" (2) et des films plus subtils comme "Windtakers". Il prouve ici que film d'action peut également rimer avec grand cinéma.
Bien qu'il soit inspiré d'un roman de Philip K. Dick, "Paycheck" est un film de science-fiction souvent sous-estimé, alors qu'il s'agit probablement d'un des meilleurs scénarios du genre, qui exploite vraiment et avec intelligence les logiques et paradoxes des voyages dans le temps.
Un ingénieur (Ben Affleck) a en effet accepté de perdre la mémoire de trois ans de sa vie, pour travailler sur un projet ultrasecret, moyennant une somme suffisante pour vivre confortablement jusqu'à la fin de ses jours. A son "réveil" après la procédure d'amnésie, il découvre à son grand étonnement qu'il a renoncé à l'argent et qu'il s'est juste laissé une série d'objets hétéroclites dans une enveloppe.
Alors qu'il se rend compte qu'on veut l'éliminer, ces objets vont constituer les étapes d'un jeu de piste pour saisir le sens de son renoncement inexplicable, découvrir qu'il est tombé amoureux au cours des trois ans (d'Uma Thurman, il a raison...) et comprendre le message codé qu'il s'est laissé à l'insu de ceux qui ont commandité un projet risquant de mener à une guerre nucléaire. Mais il comprend aussi vite que s'il décide de détruire ce qu'il a aidé à bâtir, cela le mènera obligatoirement à la mort.

PS. à la première critique. J'avais noté le film de mémoire un peu lointaine, et en voyant tant de mauvaises critiques à son propos, j'ai eu un doute. Avais-je abusé de substances illicites au premier visionnage ? Je l'ai donc revu. Cela m'a amené à baisser un peu la note, car d'un point de vue filmique c'est vrai qu'il y a pas mal de faiblesse (notamment la scène un peu pourrie où le héros voit sa mort arriver à travers une balle). Reste que du point de vue scénaristique, on aimerait bien que plus de films de SF soient construits avec autant de cohérence.
Merci Philip Kindred Dick.