Percy Jackson : La Merde Monstre

Le premier Percy Jackson était une espèce de pulp fadasse calibrée pour un public adolescent (mais pourquoi donc les producteurs hollywoodiens imaginent l'adolescence comme l'âge de la lobotomie ?!). Je m'étais dit, plutôt optimiste, sur ce coup, que le second épisode ne pourrait qu'être meilleur, une fois bien analysé les erreurs du premier. Pour sûr, ces erreurs ont bien été analysées. Seulement, l'idée, c'était de les corriger, en fait...

Retour au Camp des Sang-Mêlés (mais pourquoi donc "Sang-Mêlé" au fait ? "Demi-Dieu", c'était trop mainstream ? Ca sonnait pas assez repompe indigente d'Harry Potter ?) où l'on retrouve donc Percy Jackson, inénarrable héros au visage poupon, rendu complètement déprimé par une révélation sordide : il est mauvais. Ben oui, en fait, c'était un gros coup de chance, le premier film, et là, soudain, il se rend compte qu'il est mauvais. Très mauvais. Et on le lui fait remarquer. Bande d'ingrats, sauver le monde et, le jour où vous misérerez à ouvrir un bocal de cornichons, tout le monde vous tombera sur le râble ! Bref, il apprend, en sus, qu'une prophétie indique qu'en tant que fils d'un des membres du trio de tête des dieux, il va soit sauver l'Olympe, soit le détruire, ce qui, soit-dit en passant, ne méritait pas vraiment une prophétie. Parce que là, on la lui annonce, mais si ça se trouve, la prophétie recoupait le premier film et ils sont juste à la bourre niveau révélation. C'est un peu débilou, m'enfin. Bref, un méchant casse la barrière magique protégeant le camp des Sang-Mêlés (putain, décidément, ce terme quoi !), le seul endroit où ces enfants, héritiers des dieux, mi-homme, mi-divin, sont à l'abri (parce qu'on peut être plus fort que le commun des mortels et être un poil chochotte aussi) et notre héros décide de partir chercher la Toison d'Or dans la Mer des Monstres.
Boooon. c'est un peu long à introduire, mais ça me fait rire, parce que déjà, dès les premiers instants du métrage, on se doute que ça va pas tenir la route. Je n'ai même pas parlé de la découverte d'un demi-frère à Percy, Tyson, le plus horrible sidekick de l'univers connu, affublé d'une malédiction atroce : ses yeux sont couverts par des CGI dégueulasses (putain, les gars, Jurassic Park, c'était y'a vingt ans, sérieux !). Tyson ayant vécu la plus grande partie de sa vie dans la forêt, les émanations de pins lui ont réduit son QI par deux, le transformant en parfait abruti, cible des éléments "comiques" du film. Et à ce niveau-là, le film a une définition de l'humour assez étrange, forçant le trait pour nous montrer des crétins congénitaux dans des situations absurdes, mettant en danger les personnages principaux et l'intrigue totalement gratuitement et à l'encontre de toute logique. Avec cette petite pause qu'on sent dans la mise en scène, comme si le film attendait que vous riiez pour passer à la suite. Eprouvant.
Et je vous parlais, brave gens, du rapport à Harry Potter. Autant le premier, tout aussi purgiaque, ne semblait pas trop aller picorer du côté de Rowling, autant celui-là... Peut-être que son prédécesseur n'a pas fait suffisamment d'entrées et que les producteurs se sont dit qu'il y avait un créneau à récupérer avec la fin de la franchise du sorcier à la cicatrice en éclair... en tout cas, c'est juste hallucinant, même pour un type comme moi qui n'est pas un passionné du petit Potter : un taxi volant invisible roulant à toute blinde dans les rues de la ville, un arrêt dans un starbuck où le personnel est en fait une bande de créatures mythologiques et la scène avec Nathan Fillion où l'on découvre que parfois, le charisme ne fait pas tout. Enfin, ça fait plaisir de le voir, même si ses yeux ont l'air de crier "pitié, ne m'en voulez pas, le fisc m'y a forcé !". Fillion campe un Hermès qui, en fait, ô stupeur, est le patron d'UPS (placement produit) ! Trop fort, en fait, les créatures mythologiques vivent parmi le commun des mortels, mais il faut absolument parquer les demi-dieux (pardon, les sang-mêlés), dans un camps spécial où on les oblige à travailler en permanence en leur faisant prendre part à des jeux ultra-dangereux où ils risquent leur vie à chaque instant ! Attendez, mais en fait, tout ça me rappelle une période peu glorieuse de notre histoire !...
Bon, donc, des CGI en carton, mais violemment en carton (l'hippocampe ou le prestige des mers vomis par un enfant de six ans), des vannes à la ramasse, une intrigue extrêmement pauvre et des rebondissements incroyables (dans le mauvais sens), le film a pas grand chose pour lui. Je ne résiste pas à vous raconter cette anecdote trucculante qui en dit long sur le métrage : le méchant, très sérieusement, hein, décide de capturer sur son bateau le fils de Poséidon. Oui. Mais attendez, ce n'est pas fini : le fils de Poséidon qui l'a déjà défait dans le premier métrage en utilisant une sorte d'aquakinésie pour lui pulvériser la gueule avec de l'eau. Et donc, ce méchant-là, il le capture sur son putain de bateau. Si ça c'est pas du génie, alors là, je sais pas ce que c'est.

Donc au final, vous prenez une franchise ringarde avant l'heure, vous l'assaisonnez de stupidité et de contre-sens lourdingue et vous envoyez le tout dans une intrigue ultra-convenue, où chaque personnage ne surprendra personne. Tout est d'une lourdeur incroyable, sans aucune subtilité, ni même réflexion. Même Cronos, au final, c'est un peu l'avènement du non-événement. Il arrive, balance du CGI qui demeure peut-être le plus potable du film puis meurt et se fait enfermer à nouveau en deux coups de cuillère à pot. Encore un pétard mouillé. Et le cliffhanger final, totalement wtf, révèle qu'en fait, peut-être que la prophétie ne parlait pas du bon putain d'héritier des 2be3 : ce serait pas Percy dont il est question ! Ou alors, la prophétie est tellement vague qu'elle peut à peu près s'adapter à tout, au choix. Voilà, conclusion plutôt parlante.