Piégée par AntoineRA

Plaisanterie facile : moi aussi je me suis fait piéger par ce nouveau film de Soderbergh. Le palmarès d'un réalisateur à la carrière bien fournie, le casting cinq étoiles d'acteurs qui ont de la gueule et marquent ou ont marqué, en leur temps, le paysage cinématographique, et ce scénario sur fond de trahison digne d'un Jason Bourne, c'était prometteur !

Belle désillusion au visionnage de ce long-métrage. C'est mou, les personnages ne provoquent aucune empathie, les dialogues sont creux et l'intrigue peu intrigante, sans compter que la bande-annonce plutôt musclée s'avère être bien trompeuse. Cette histoire d'agents en mission qui se font trahir par leur employeur qui cherche à les éliminer, c'est du réchauffé mais, à la rigueur, ce n'est pas très grave. C'est tout simplement mal présenté et mis en scène, à tel point que l'on éprouve un semblant d'intérêt pour le pitch à une demie-heure de la fin du film.

Responsable, ou non, de ce désintérêt, Gina Carano, championne féminine de MMA (combat libre) y campe une protagoniste qui sait cogner mais a bien du mal à montrer un jeu d'actrice convaincant. Elle est victime d'un complot qui vise à l'éliminer, toutefois l'on s'en fout un peu, la jeune femme n'arrivant jamais à nous gagner à sa cause. On se contente de la voir castagner du Channing Tatum, Michael Fassbender, Erwan McGregor, Antonio Banderas (avec une barbe horrible) et autres figurants présents sur son chemin. Au moins, les chorégraphies sont plaisantes et plutôt originales. Ces autres acteurs masculins qui tentent de lui renvoyer la pareil ne sont présents que quelques minutes à l'écran, quel dommage. Bill Paxton apparaît également dans le rôle du père, Michael Douglas en tant qu'agent du gouvernement peu crédible et Mathieu Kassovitz joue un malfrat peu approfondi.

Tout cela est bancal. Soderbergh a pourtant de bonnes idées sur les autres aspects de l'œuvre, comme en témoignent la réalisation de qualité, notamment sur les scènes de combat toujours très lisibles ou les plans de certaines poursuites, le montage bien trouvé et peu commun (les flashbacks par exemple), et l'emploi intelligent de la musique qui n'est pas qu'un simple élément d'ambiance mais raconte également l'histoire au travers de compositions jazzy vivantes et passionnantes. Une de ces bande-sons qui n'a pas forcément besoin d'images pour être appréciée.

Artistiquement parlant, Piégée recèle de bons plans, mais ils ne suffisent pas à tenir l'attention tout le long du film, faute à cette histoire mollement déballée. Enfin, je remercierai la distribution canadienne d'avoir sorti le DVD du film alors qu'il arrivait seulement en salles par chez nous, une place de ciné joliment économisée.