Deux heures de reportages de l’émission « Envoyé spécial », c’est déjà chiant. Mais alors quand c’est réalisé par Maiween, c’est encore plus gênant. Sous réserve de semaines de documentations acharnées et fastidieuses, la réalisatrice nous pond une sorte de docu/fiction filmé à la truelle sur la brigade policière sur les mineurs. Et le moins que l’on puisse dire c’est que Maiween n’y va pas avec le dos de la cuillère.

On passera rapidement sur l’absence totale d’idée de cinéma et de mise en scène sous prétexte qu’elle veut filmer de façon réaliste. Le film est une suite d’interrogatoires ou de descentes de police sans réel propos ni réelle interrogation sur cette brigade de police. A ce niveau-là, Maiween, avec ses grands sabots plein de terre, saute la tête la première dans les clichés. Bien évidemment, on a le droit au papa maghrébin qui veut marier de force sa fille, on a droit aux roumains qui mettent leurs filles dans la mendicité ou dans la prostitution etc. C’est que la Maiween n’a pas froid aux yeux, elle balance fort, le "tout Paris" en est tout retourné. Après on pourra se dire que ces situations existent réellement. Mais ce n’est pas tout. On a aussi droit au riche du 16ème arrondissement qui se jette sur sa fille car sa femme est une bourgeoise coincée du cul. Et bien sur pour clore le spectacle en beauté, le prof de gym habillé en moule burnes y passe.

Maline et manipulatrice, Maiwen nous balance des scènes de fausses dénonciations sociétales (manque de matériel, pression de la hiérarchie, bagarre entre camarades etc…) sur les conditions de travail de cette brigade pour montrer qu’elle a tout compris au contexte dans lequel ces gens vivent. Chacun des protagonistes de la brigade a ses petits problèmes ( divorce, anorexie..) dans le désintérêt le plus total, avec comme apothéose, un twist final navrant.

Absente derrière la caméra, elle a cette idée incongrue de se projeter dans le film, dans le rôle d’une journaliste. Et là on atteint le summum de la bêtise. Premièrement, cette histoire d’amour où elle vit dans l'appartement en face de celui de son amant, c’est fort en café niveau connerie. Mais alors, sa fausse amourette avec ce décérébré de Joey Starr, c’est le pompon final. Paroxysme de l’égocentrisme, le spectateur a la malchance de se coltiner d’innombrables plans resserrés sur elle-même en train de sourire ou de faire la pose.

Au final, on se tape deux heures d’un épisode de Julie Lescaut façon auteuriste.
Velvetman
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le 19 févr. 2014

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