Y a Maiwenn elle a fait une faute d'ortoraph
Cruauté de la note ronde : ce film méritait sans problème un bon 7,5. Sauf qu'il n'y a pas de virgules, et qu'il ne mérite pas (à mes yeux bien sûr) de 8. Résultat : un 7 pour un très bon film, mais non exempt de défauts.
Depuis Pardonnez moi, son premier film en 2006 Maiwenn nous a habitué à son style bien particulier, à mi chemin entre le film et le documentaire, s'amusant à brouiller les frontières entre réalité et fiction. Son approche caméra à l'épaule et sa science du cadrage lui permettent de coller au plus prés de ce qu'elle filme, de faire pénétrer le spectateur dans son univers. On retrouve ces deux caractéristiques dans Polisse, cette fois ci mises au service d'un scénario écrit, quoique inspiré de faits réels. Et c'est ce qui rend cette plongée au cœur de la brigade des mineurs plus poignante, plus crue aussi. Impossible de prendre du recul avec ces images que l'on reçoit comme un direct en pleine face.
Comme à son habitude, la jeune femme se met en scène, cette fois en tant que photographe chargée de suivre la brigade pour réaliser un livre de photos retraçant leur quotidien... Une idée qui donne un prétexte au film et qui permet même à Maiwenn de s'excuser en direct pour les quelques défauts du film. Car des défauts, il y en a... La réalisatrice ne parvient ainsi pas à éviter l'écueil du cliché. Certes, les histoires racontées sont tirées de faits réels, mais tout de même, on a vite l'impression d'assister à une accumulation d'affaires représentant toutes les facettes de ceux à quoi sont confrontés les policiers quotidiennement, avec en fil rouge les histoires personnelles de ces hommes et de ces femmes confrontés aux problèmes des autres tout en gérant les leurs.
Là aussi, la galerie de personnages exposée a un air de déjà vu, on retrouve la brute au grand cœur, qui n'arrive pas à se blinder face aux tragédies des autres (Joey Starr, excellent par ailleurs), le chef de brigade un peu désabusé qui doit faire le lien avec une hiérarchie qui l'abandonne, une anorexique borderline... Quant aux drames qui jalonnent la vie de ces héros du quotidien, ils ne relèvent pas vraiment la barre, surtout les deux histoires d'amour franchement trop prévisibles.
Côté réalisation, on sent poindre chez Maiwenn un véritable sens artistique dans le cadrage et le montage, que l'on retrouvait déjà dans ses précédents films, et qui trouve ici pour la première fois un terrain plus large pour s'exprimer. On regrettera juste cette tendance à exagérer un peu le côté sombre, sans forcément tomber dans le pathos mais avec des plans évitables (le plan sur le cadavre du bébé mort né fait un peu trop).
En résumé, Polisse est un film choc, une œuvre sombre et viscérale comme on en voit trop peu souvent dans nos vertes contrées. Il est d'autant plus dommage qu'elle soit diminuée par ces erreurs qui, au final, peuvent faire sortir de l'histoire. Encore une fois, un 7,5 qui se transforme en 7...