Disons le en préambule : le premier Predator je l'ai vu à la télé, à un âge assez peu réceptif au second degré. Je n'avais donc retenu de cette bande de bourrins américains dépecés par un ennemi longtemps invisible que la monstruosité cool de l'ET chasseur et l'indéniable kick-assitude de Schwarzie. De l'eau a coulé sous les ponts, mes poils ont poussé, et c'est légèrement différent que je me suis assis dans cette salle (pleine), attiré par mes souvenirs d'enfance, le label Rodriguez et le rôle à contre-emploi d'Adrian Brody.

La première demie-heure est gentiment prometteuse : les personnages sont des caricatures, la réalisation nous la joue "je sais que vous savez que c'est pour rire" au point qu'on flirte parfois avec du Tropic Thunder (les gros plans sur les machoîres serrées, les punchlines ridicules,...), et on attend le jeu de massacre avec l'oeil vicieux de celui qui noie ses Sims pour voir comment ça fait.

Seulement le film ne tient pas longtemps sur l'équilibre instable entre l'hommage, la satire et l'actioner estival : peut-être un peu trop respectueux du matériau original, le film s'essouffle et tombe dans le survival classique : on se trahit, on se sauve, on "stick together", on tombe en disant "nan, je vais vous ralentir", on se fait des grands sermons sur l'humanité, la fraternité, et même si parfois le second degré affleure à nouveau, il reste trop rare pour ranimer la flamme initiale.

Par ailleurs, je pense qu'il y a eu de grosses coupes dans le scénario ou le montage original : Lawrence Fishburne fait une apparition très WTF, l'alliance "humains-Predator" est totalement sous-exploitée, de même que le mini-twist lié au personnage de Topher Grace, qui n'a aucun intérêt sinon celui de rallonger de dix minutes un film dont tout le monde a déjà deviné la fin.

On ne peut pas parler de ratage, il y a dans ce Predators quelques bonnes idées, et infiniment plus de talent que dans les pitresques "Alien vs Predator" qui l'ont précédé. Mais on peut regretter la paresse et l'indécision des "auteurs" qui ne choisissent jamais entre le sérieux et la prise de distance vis à vis de l'exercice. A voir avec une carte illimitée, sinon allez plutôt pique-niquer.
Troll
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le 16 juil. 2010

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