Princesse Mononoké
8.4
Princesse Mononoké

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1997)

Avec Princesse Mononoké, le maître de l’animation Hayao Miyazaki nous emmène dans un monde à l’équilibre fragile, où les hommes et les esprits, qu’ils soient bienveillants ou démoniaques, se retrouvent dos à dos. Abordant d’une très belle façon la place de l’homme dans la nature, le film prône une vie harmonieuse, qui cesse d’être entachée par cette folle course au pouvoir et à la richesse.


Ashitaka est un jeune prince dont le bras est corrompu par un esprit démoniaque après qu’il ait tué un gigantesque sanglier possédé par ce démon. Forcé de quitter son village, Ashitaka part en quête d’un moyen de guérison. Le destin le conduit au village des forges qui, sous la direction de Dame Eboshi, exploite la forêt pour alimenter d’immenses forges afin de produire du fer. Cette production a rendu le village prospère, mais ses habitants sont en guerre contre les esprits de la forêt dont ils détruisent l’habitat. Mené par la déesse louve Moro et sa fille adoptive San, la fameuse princesse Mononoké, le combat semble perdu d’avance. Charismatique et honnête, le jeune Ashitaka va réussir à gagner la confiance de la sauvage San et de la vaillante Dame Eboshi. Malheureusement, les rouages de la guerre se sont enclenchés et personne ne pourra l’arrêter.


Le voyage d’Ashitaka fait penser à un voyage initiatique. Lorsque le chaman de son village lui demande de quitter le village, on a l’impression que commence un rite de passage à l’âge adulte pour Ashitaka. Vaincre le démon qui ronge son bras fait office de mise à l’épreuve. Alors que la question de la guerre entre les hommes sera abordée quelques années plus tard dans Le Château ambulant, Miyazaki se concentre ici sur la guerre que mène l’homme à la nature. Sauf que dans son univers, le réalisateur donne une dimension onirique à ce combat en armant la nature d’animaux titanesques, qu’ils soient loups ou sangliers, et d’esprits surpuissants.


L’aventure est un thème récurrent dans les longs métrages de Miyazaki. Celle de Princesse Mononoké est peut-être la plus aboutie, la plus complexe, car au final rien ne se révèle être tout blanc ou tout noir. Preuve en est, par exemple, avec le personnage de Dame Eboshi qui semble de prime abord être un tyran assoiffé de richesse, prêt à détruire sans scrupules la nature et à en chasser ses habitants. Mais petit à petit, le récit dévoile un personnage protecteur et profondément aimé de sa communauté composée de lépreux et d’anciennes prostitués.


Les trois ans de production de l’œuvre laisseront Miyazaki et son équipe du studio Ghibli épuisés, mais le caractère minutieux de leur travail a permis de réaliser une formidable aventure porteuse d’une morale écologique universelle et touchante. Pour la petite anecdote, lorsque que Miyazaki apprit que son chef d’œuvre, avant de sortir dans les salles américaines, allait passer entre les mains d’Harvey Weinstein, un producteur qui avait la fâcheuse réputation d’effectuer de nombreuses coupes dans les films, le réalisateur japonais lui envoya par la poste un katana accompagné du mot suivant :



No cuts.


Créée

le 29 mai 2016

Critique lue 1.3K fois

68 j'aime

5 commentaires

Vincent Ruozzi

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

68
5

D'autres avis sur Princesse Mononoké

Princesse Mononoké
Sergent_Pepper
9

La violence et le sacré.

Le monde sur lequel se lève le rideau de l’épopée Princesse Mononoké est malade : si la tribu d’Ashitaka y vit en paix, c’est parce qu’elle a accepté l’exil depuis cinq siècles, et du lointain vient...

le 9 sept. 2016

169 j'aime

25

Princesse Mononoké
DjeeVanCleef
10

Démons et merveilles

En regardant Princesse Mononoké, je ne peux rien dire. Je deviens muet comme une cape. Celle de Superman. Je suis dedans comme un gamin. Et en y réfléchissant, après, puisque pendant je suis...

le 27 déc. 2013

142 j'aime

23

Princesse Mononoké
ÉlanRouge
10

« Le spectacle de la nature est toujours beau » Aristote

J'avais neuf ans la première fois que je l'ai vu, il était mon film préféré. Depuis dix ans ont passé mais rien n'a changé. "Princesse Mononoké" se démarque tout particulièrement des autres films...

le 2 déc. 2012

132 j'aime

9

Du même critique

Whiplash
Vincent-Ruozzi
10

«Je vous promets du sang, de la sueur et des larmes»

Whiplash est un grand film. Il est, selon moi, le meilleur de l’année 2014. Une excellente histoire alliant le cinéma et la musique. Celle-ci ne se résume pas à une bande son, mais prend ici la place...

le 20 janv. 2015

190 j'aime

11

Mad Max - Fury Road
Vincent-Ruozzi
9

Sur les routes de Valhalla

Je viens de vivre un grand moment. Je ne sais pas si c’est un grand moment de cinéma, mais ce fût intense. Mad Max: Fury Road m’en a mis plein la gueule. Deux heures d’explosions, de fusillades et de...

le 16 mai 2015

182 j'aime

21

The Irishman
Vincent-Ruozzi
8

Le crépuscule des Dieux

Lèvres pincées, cheveux gominés, yeux plissés et rieurs, main plongée dans sa veste et crispée sur la crosse d'un revolver, Robert De Niro est dans mon salon, prêt à en découdre une nouvelle fois. Il...

le 29 nov. 2019

152 j'aime

10