Le film de trop prouvant la réelle incapacité du Ridley

Ridley Scott : l'un des réalisateurs les plus cotés du cinéma. Nombre de ses oeuvres sont considérées encore aujourd'hui comme des classiques. Pourtant à mes yeux, cet homme n'est qu'un charlatan s'étant servi de ses pièces maîtresses pour faire sa propre promotion, sans nécessairement se fouler dans la tâche.

Oui parce que, d'après moi, Ridley Scott fut un grand réalisateur grâce à deux films : "Alien : le 8ème Passager" & "Thelma & Louise". Certains ajouteront certainement "Blade Runner", tout est question d'affinité. Après cela, il a très vite déchanté & la totalité de son oeuvre sur plus de vingt ans partagea un public toujours en reste : on est passé de l'acceptable à l'inadmissible, mais jamais les spectateurs n'ont osé remettre en cause ce prétendu génie du cinéma. Puis, vers la fin mai 2012, "Prometheus" arriva, plein de promesses & d'espoirs..
Je ne sais pas par où commencer pour parler de ce film, de ce navet, de ce quolibet Ô combien brutal de la part de Scott. Tout d'abord, le synopsis, brièvement : une équipe de scientifiques retrouvent la trace des origines de l'humanité & se rendent sur une planète censée abriter ceux qui ont créé les hommes, les dieux fondateurs en quelque sorte ; cependant, tout dégénère à plusieurs reprises, des formes de vie inattendues révèlent leur hostilité & le tout finit vite par ressembler à un cross-over de différents films de sci-fi & de jeux-vidéos (au moins on sait ce qu'a glandé le Scott pendant tout ce temps ; ce même Scott qui prétend "ne pas avoir pu penser mieux").
Alors que la bande-annonce promettait usage d'une atmosphère particulière, un grand film de science-fiction, en somme, on se retrouve devant un gros foutoir insipide. Le début est bâclé (paysages olala, "Dieu" se sacrifiant pour la création olala, découverte de peintures anciennes justifiant un voyage de mille milliards de mille sab.. mille milliards de dollars olala), la fin est bâclée (grosse action qui se prépare, puis simple fuite de la survivante pour découvrir d'où vient la menace, très crédible ce reversement de caractère en sachant que cette même femme n'a fait que pleurer tout au long du film). Ah & le milieu n'est que remplissage : chaque scène différente suscite un certain intérêt pour le spectateur, car les décors (aussi rares soient-ils, au final) sont beaux, attisent une curiosité obligée ; toutefois, la scène suivante n'a jamais rien à voir, ou bien le tout bascule dans la niaiserie totale ou l'incohérence la plus infâme, & c'est à cause de cet enchaînement illogique qu'à aucun moment du film je n'ai pu m'installer dans une ambiance (& pourtant je l'ai voulu, je m'attendais à une des réalisations les plus spectaculaires de l'année). Tout est laissé en suspens, on y pense pendant le film (très mauvais point, ça empêche la création d'une atmosphère & ça enlève tout le charme des autres éléments de l'oeuvre) sans jamais avoir de réponse, ou du moins pas concrète.
Les personnages sont creux, on ne s'attache à aucun d'entre eux, malgré leurs prétendues similitudes avec les personnages d'"Alien". Les motivations de chacun sont floues, on se dit alors qu'on va accorder une importance plus grande aux suppositions scénaristiques, puisque ni les protagonistes ni l'intrigue n'apportent de réponse convaincante. Que penser de David, le robot retournant sa veste à chaque instant ? D'où viennent les aliens, qui à la fois résultent des mutations de plusieurs êtres différents dans ce film, & qui pourtant sont représentés sur la peinture du fond de la pièce aux jarres & à la tête géante ? Que penser de la pierre cristalline au fond de cette même pièce ? Que penser de la décision stupide de la survivante d'aller vers l'inconnu ? Que penser des Ingénieurs, supposés créateurs & destructeurs ? Concernant ce dernier point, certains ont présumé l'hypothèse de la Terre comme terrain d'essai militaire.. Pourquoi alors cette réaction soudaine du dernier d'entre eux quant à l'apparition d'humains parlant son dialecte ? Pourquoi voudrait-il continuer à anéantir malgré le propre anéantissement de son peuple tout entier ? & d'où provient cet anéantissement ? On peut ajouter à toutes ces questions de nombreuses incohérences, comme l'échelle qui apparaît comme par magie, l'analyse atmosphérique (olala de l'oxygène, de l'azote & un peu d'argon, on peut respirer ; mais non, y'a du dioxyde de carbone, on mourrait, s'empresse d'ajouter une autre personne ; tout cela ressemble étonnamment à un cours un peu péteux de la part de Scott, d'autant plus que les personnages sont censés être des scientifiques de renommée..), etc.
Si j'ose mettre tout de même deux points à cette oeuvre, c'est bien grâce aux graphismes, beaux & admirables, dignes des meilleurs jeux-vidéos, à cela près que les jeux-vidéos savent poser une ambiance ("Dead Space", par exemple). Mais j'ai bien l'impression que tout le budget du film est passé là-dedans.. Ah & il ne sert à rien de le voir en 3D : j'ai cru pendant longtemps, allant rarement voir des films dans ce format, que certains étaient seulement moins focalisés que d'autres. Le fait est que la 3D au cinéma est inutile, c'est l'arnaque la plus infâme existante : si vous voulez goûter la vraie 3D, direction le Futuroscope, où on vous propose une immersion totale avec des fictions qui viennent caresser votre visage. La 3D au cinéma n'en est pas une, c'est seulement un effet de profondeur futile, qui m'a plus gêné qu'immergé.

Visionné hier, "Prometheus" est donc une des déceptions de l'année. Je l'ai vu avec @munk , qui lui a mis 6. Je pensais lui mettre 5, mais en repensant à tous ces détails qui sont en fait les fondations du film tout entier, il ne mérite pas plus de 2. Même si Scott semble inspiré par les grandeurs métaphysiques impliquant la création & le cycle infini de la remise en question pascalienne quant à la vie (qui a créé celui qui nous a créé ?), même si son film fait directement allusion à un mythe grec plus ou moins connu, encore eût-il fallu que ces thématiques soient exploitées correctement.
Ridley Scott est bien l'un des cinéastes les plus surestimés.
Satané
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le 31 mai 2012

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Satané

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