J'y touche pas ! (sans doute la seule parole sensée du film, quand on y repense)

Quand j'ai appris l’existence du projet Prometheus on en parlait encore comme d'une préquelle d'Alien mise en boite par le créateur même de la bête et autant dire que ça me mettait l'eau à la bouche, d'autant que je ne partage pas la totale aversion de certains pour les suites du premier.
Après avoir vu quelques bande-annonces et lu deux trois critiques j'ai malheureusement très vite déchanté et ai fini par orienter mon attention vers des films à la réputation moins entachées tels que Des Femmes Pour Mars ou encore Johnny Mnemonic.


J'avais pour ainsi dire renoncé à le voir un jour (ou tout du moins à payer pour le faire) quand je suis tombé tout à fait par hasard sur le DVD au détour d'un vide grenier dominical et si l'unique euro demandé me semblait toujours un brin élevé je me laissais malgré tout emporter par l'euphorie de ce doux matin d'été et dénouais les cordons de ma maigre bourse.
Ce n'est cela dit que ce soir, quelques mois plus tard pour tout vous dire, que je me sentis enfin le courage de poser mes yeux sur ce film sur lequel j'avais déjà tant lu...


Résumé de la jaquette :
Lorsqu'Elisabeth Shaw (Noomi RAPACE) découvre un mystérieux lien entre plusieurs artefacts au cours de ses recherches, elle est persuadée qu'il s'agit d'un indice remettant en cause l'origine de l'humanité sur Terre.
Une équipe de scientifiques supervisés par Meredith Vickers (Charlize THERON) et l'androïde David (Michael FASSBENDER) se lance alors dans un voyage spatial fascinant aux confins de l'univers, vers un monde inconnu.
Là bas (cette phrase est en gras. NdT), un affrontement terrifiant qui décidera de l'avenir de l'humanité les attend...


Ce qu'il en est vraiment :
Frodon, las de passer ses journées à soulever de la fonte loin de la lumière du jour dans les tréfonds des Havres Gris décide de venir finir ses jours en Écosse.
Des paquets d'années plus tard, des archéologues Keshua du futur découvrent une grotte pleine de dessins d'enfants dont l'un deux représente une mauvaise perspective et des points. Le doute n'est alors plus permis : l'homme a été créé par des bonhommes bâtons de l'espace, et il est tant d'aller leur poser des questions pour avoir des réponses !
A bord d'un vaisseau froid et blanc un androïde fait du basket a vélo et des soirées vidéo.
Soudain on est arrivé ! Vite, tout le monde se réveille et fait des choses. La chef pour montrer qu'elle est la chef cours faire des pompes dans une salle vide à l'autre bout du vaisseau tandis que la fille vomit parce qu'elle est une fille (les autres ça va : c'est pas des filles).
Après ça c'est la cantine et on essaye de se faire des copains et de donner un peu d'épaisseur aux personnages mais en fait on a pas le temps parce que c'est déjà la réunion avec les hologrammes qui tressautent. Là on nous explique : Prometheé, les papas de l'espace et tout le toutim. C'est OK.
Alors que le vaisseau amorce sa descente il trébuche soudain dans un trou du scénario et se retrouve aux portes d'une construction extra-terrestre. Bigre !
Comme on a pas eu besoin d'explorer la planète et qu'on a quelques heures devant nous avant le gouter les castors juniors de l'espace décident de foncer tête baissée dans la Kasbah et d'y faire toutes sortes de choses aussi amusantes que totalement dénuées de toute rigueur scientifique qu'enlever leur casque sur une planète inconnue, tripoter tout un tas de trucs et ouvrir plein de portes.
Au détour d'un couloir tout ce petit monde finit par trouver un cadavre, on se sépare, il y a une grosse tempête, tout le monde rentre au vaisseau mais en fait non et les biologistes décident de détruire les échantillons ramassés en chemin avant d'avoir pu les examiner tandis que l'androïde teste ses propres trouvailles sur l'équipage.
Pendant ce temps là dans les galeries les deux laissés pour compte tombent sur une sorte de croisement entre un cobra et un gros colon et décident contre toute logique de le caresser. Après quelques déconvenues finalement assez prévisibles on se rend compte que l'héroïne a choppé une mst, des gens en brulent d'autres, l'androïde joue avec la chaine du froid, le scénario tente à plusieurs reprise (et de manière grossière et assez infructueuse) de recoller les wagons avec Alien premier du nom et ça se termine dans les larmes. Les nôtres.
Ah mince on a oublié de montrer les xénomorphes !!!


A voir pour :
Des clones bodybuildés d'Elijah Wood, les tentes Keshua du futur, les prémices d'un nouveau sport dans le vent (j’appellerai ça le bikesket moi), Guy Pearce tentant de prouver qu'on aurait pu le prendre pour jouer Benjamin Button, de l'archéologie à la Indiana Jones, la fameuse technique de drague dite " de l'accordéon ", des réactions amusantes face à une créature inconnue et potentiellement dangereuse, les conséquences attendues (mais néanmoins divertissantes) desdites réactions, des allusions subtiles à la religion (" Et donc là je met ton crucifix dans une boite. Une boite à échantillon. "), un zombie, des lance flammes, des explosions, la chirurgie du futur, une étoile de mer (mais pas de mer) et tout un tas d'autres joyeusetés délicieusement régressives.


A ne pas voir pour :
L'" affrontement terrifiant qui décidera de l'avenir de l'humanité ", les clones bodybuildés d'Elijah Wood (non parce que quand même...), une quelconque affiliation réussie à Alien et un bon scénario.


En résumé je mentirai si je disais que j'ai détesté ce film.
Je pense cependant qu'il mérite toutes les saloperies qu'on a pu dire ou écrire sur lui (ou du moins un très grande partie), que son scénario est, dans un véritable tour de force, à la fois trop simpliste et incroyablement alambiqué, que certaines ficelles scénaristiques sont tellement grosses que c'est à peine si les acteurs ne se prennent pas les pieds dedans (oui, c'est de toi que je parle, machine chirurgicale du futur !) et que le désir de rattacher à tout prix le film à une saga préexistante (et c'est d'ailleurs le cas de pas mal de films dans l'ensemble assez honnêtes) alors qu'il est à des kilomètres d'en avoir l'envergure l'a beaucoup desservi.
Et c'est dommage. Parce que malgré un scénario bancal au possible le même film, débarrassé de son aura de prologue d'Alien, aurait certainement pu toucher son public et rencontrer un petit succès auprès des fans de SF tant les films de genre ne nous prenant pas trop pour des ados se font rares ces dernières années.


Du coup moi j'ai pas tellement envie que ça de tirer sur l'ambulance. Ok, c'est raté, je pense que personne ne pourra dire le contraire. Mais moi j'ai pas détesté, et je pense même pouvoir dire que je me suis bien amusé à certains moments. Après tout le mal que j'en avais lu et que je m’apprêtais à en penser, je trouve ça pas si mal que ça.

Thieuthefirst
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le 26 août 2014

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