1979. Sur les écrans du monde entier sortait Alien, un projet risqué pour le jeune réalisateur Ridley Scott qui signe ici son premier film de science-fiction. « Le huitième passager » fait alors tressaillir les foules, tellement l'atmosphère et l'intensité psychologique du film sont pesantes. 2012 : Ridley Scott renoue avec le genre en dévoilant Prometheus, replongeant ainsi dans l'univers complexe qui a été à l'origine de son succès. Face aux exigences d'une communauté avide d'en savoir plus, Prometheus fait-il honneur à son titre titanesque ? Réponse.

Près de 35 ans après Alien, Ridley Scott a pris le pari de replonger au cœur d'un univers dont il avait laissé les commandes à d'autres en réalisant Prometheus, sur un scénario co-écrit par le brillant Damon Lindelof (LOST). Ce projet était très risqué, tant Alien a marqué plusieurs générations et mis la barre haute dans le genre science-fiction horrifique. C'est donc avec un grand espoir d'être à nouveau bouleversé par le génie passé de Ridley Scott – celui de Alien et Blade Runner – que je me suis rendu à l'avant-première de Prometheus en ce lundi 28 mai. Autant dire que mes attentes étaient grandes.

Confortablement installé autour d'une horde de journalistes et critiques impatients, le film démarre enfin sur une série de plans montrant la surface de la Terre sublimée par des plateaux rocheux que la 3D fait ressortir à merveille. C'est dans ce cadre idyllique que l'histoire de Prometheus débute, et je n'en dirai guère plus.

Dès le début, la patte du Alien de Ridley Scott est présente : tant dans les plans et la photographie que dans l'atmosphère et la variété des personnages présents à bord du vaisseau Prometheus. Si Ridley Scott s'est efforcé à clamer que son film n'a que très peu de rapport avec la mythique saga, on ne peut qu'y penser dès les premières minutes. On découvre alors une série de personnages atypiques, dont le plus charismatique est – étrange mais vrai – l'androïde David, incarné à la perfection par un Michael Fassbender épatant.
On découvre ensuite le reste de l'équipage : la beauté froide de Charlize Theron dépeint le caractère impassible et rigoureux de Meredith Vickers, en charge de l'équipage de bord, tandis que Noomi Rapace, plus en retrait, nous fait automatiquement penser à Sigourney Weaver dans le rôle de Ripley.

Sans jamais vraiment se relier explicitement à Alien, le film explore une nouvelle dimension de l'univers de la saga. C'est alors assez agréable de découvrir de nouveaux personnages, qui n'ont aucun lien avec tout ce qui a été développé dans les films précédents ; et qui vont apprendre par eux-mêmes qu'ils se sont embarqués dans un sacré pétrin. Car l'essence même de ce genre si atypique qu'est la science-fiction horrifique, c'est l'angoisse qui prend aux tripes, et l'anxiété provoquée par certaines scènes – notamment une qui restera gravée dans tous les esprits tellement elle est réaliste et brillamment interprétée par son protagoniste.

Alors pourquoi la moutarde Prometheus ne prend pas chez un grand nombre de critiques et journalistes qui sont sortis déçus de la séance ? Le manque d'originalité du scénario et de la mise en scènes est en premier lieu évoqué. Sauf que cet argument ne tient pas la route. Le scénario n'aurait pas pu être plus complexe, au risque de perdre le spectateur dans un délire qui au final n'aurait rien apporté de plus que de la perplexité. Ridley Scott et ses scénaristes ont justement réussi à soulever les bonnes questions, sans y répondre explicitement : c'est à nous de nous faire un avis face à ces zones d'ombre qui n'en sont pas si l'on prend le temps d'y réfléchir. Quoiqu'il en soit, on retiendra de ce film la très belle performance de Noomi Rapace, qui a su élever son personnage au rang de ce qu'incarnait à l'époque Sigourney Weaver. Chapeau.

En bref
En lançant le projet Prometheus, Sir Ridley Scott a mis la barre très haute. Trop haute peut-être aux yeux de certains, probablement obsédés par la recherche de la moindre critique acerbe envers un projet qui, par ses promesses, est pour eux devenu irréalisable. Quoiqu'il en soit, Prometheus fera parler de lui ; on retiendra notamment un traitement de la 3D très satisfaisant, un élément bien trop rare aujourd'hui pour qu'il soit bon de le relever. Mention spéciale également à la bande-son, qui apporte au film une sonorité nous rappelant le culte Blade Runner.
RaphMcFly
9
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le 1 juin 2012

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RaphMcFly

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