Il était une fois...l'homme
33 ans après la sortie d’Alien et de ses créatures à sang acide, le réalisateur britannique Ridley Scott revient vers la science-fiction avec un film annoncé comme un prélude à Alien (détournée de son réel propos) qui sera en fait une quête vers les origines de l’homme.
Et l'attente fut insoutenable pour les fans de S-F, car ce même réalisateur a marqué le genre avec Alien et Blade Runner.
Il faut dire que le film est entouré de mille et unes interrogations. Beaucoup ont râlé, conspué...
On aime, on n’aime pas, on exagère, on s’enthousiasme, on vilipende… Scott annonçant à qui veut l’entendre que non, il ne s’agit pas d’un prélude à Alien … Bref, au pire j’en ai rien à cirer, je me suis juste assise face à l’écran. La lumière s’éteint, je plonge.
Et en fin de compte j’ai été conquise. Tout simplement.
Le film se passe donc dans le même univers que Alien qui essaye de raconter de manière vaine l’histoire des xénomorphes et du fameux Space Jockey tout en explicitant le lien avec les Aliens.
Et finalement, c’est peut-être la seule erreur de Scott, avoir voulu brasser tout ça dans le même univers alors que cela n’a strictement rien à voir, sauf si on met en lien avec les ingénieurs mais passe encore…et on se retrouve avec une espèce d’œuvre fouillis où j’ai l’impression qu’à chaque fois que le réal avait la possibilité d’avoir le quart d’une once d’une idée… il se dit que finalement il va pas l’a faire.
Et du coup ça se ressent pas mal quand on visionne le film, ça manque clairement d’audace et de surprise même si je reconnais l’ambition du projet.
Un autre point noir quand même, cela reste le traitement des personnages. La plupart des protagonistes peuvent être qualifiés de secondaires. Voir tertiaires. A part deux, à la limite trois, les acteurs sont là pour mourir. Mais cela n'enlève rien au plaisir à voir le film. Et mention spéciale à Michael Fassbender qui est pour moi le meilleur acteur du film.
Charlize Theron est aussi un dès seul personnage vraiment construit, qui possède une épaisseur, qui réfléchit et observe. Dommage qu’on la gâche par une responsabilité peu claire, et dans son parcours final.
On retrouve tout de même dans les personnages, les mêmes styles d’archétype que dans Alien.
Malgré tout cela, j’ai carrément adoré Prometheus et à tout les niveaux; que ce soit aux niveaux de l’ambiance, l’intrigue, les personnages…
L’immersion dans un univers à la fois nouveau mais qui multiplie les clins d’oeil aux précédents opus de la quadrilogie initiale.
Pas mal ont décrié le scénario, reprochant à ce dernier d’être d’une très grande légereté, certes même si il n’est pas hyper élaboré, il ne l’est pas plus que ne l’était Alien (j’imagine ce que ça a dû donné sur la papier…).
Toutefois, j’ai trouvé que le scénario était assez habile dans ce mélange de sources, de références, même s’il pêche justement par son côté synthétique qui fait parfois l’impasse sur des choses amenées et non développées (le rapport de ces géants avec les représentations sur terre, la scène d’intro ).
Comme son prédécesseur, on est dans un film d'ambiance, dont l'intérêt est basé sur la tension constante et un mystère qui se dévoile peu à peu.
Bien sûr, ce Prometheus possède une imagerie très sombre, dégoulinante, mais Scott inscrit aussi son film dans une approche plus esthétique et moins “ je –bombarde- de -partout “, il se tourne vers une SF peut-être moins “directe”sans canarder trop de monstres à l’écran.
Certes ici les choses sont moins montrées, le message est plus aseptisé, plus lisse mais la tension reste palpable sans pour autant foutre les jetons.
Le film dispose d’une l’incroyable beauté au niveau de la photo (sublime scène d’intro). Scott a un style plus impersonnel que dans Alien mais cela n’empêche qu’il a une remarquable maîtrise quand il doit passer au delà des frontières de la démesure ou du spectaculaire.
Le simili suspense qui plane autour de ce film , à savoir si oui ou non c’est bel et bien un prélude à Alien, est assez drôle en soi. Tout est tellement accès dans cette direction, tout les codes sont pratiquement les mêmes qu’on pourrait presque reprocher à Scott de ne pas s’être davantage affranchis du modèle, de trop avoir voulu tenir à son cahier des charges.
Il est inutile de vouloir chercher des cohérences scénaristiques poussées avec Alien, le 8ème passager, car elles sont hors propos de l’aveu même de Ridley, il y a tout au plus des clins d’œil, car en fait Alien n’était qu’un prétexte pour créer un nouveau film véritablement de « science-fiction » traitant d’un sujet auquel Ridley Scott tient à
coeur : les origines de l’homme issues d’un encensement extra-terrestre...
C'est un des rares films à traiter sérieusement la question des origines de l'homme et la place de ce dernier dans l'univers.
Avec de film donc, Scott renoue avec la SF classique dont il a toujours maîtrisé.
Certains lui reproche de ne pas se réinventer, mais en soit il n’ a jamais été un précurseur.
Certes, Prometheus est loin d’être exempt d’imperfections mais cela reste un film de science-fiction emplie de mysticisme.
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