Quelques heures de printemps par Hugo Harnois
Il y a des choses qui ne sont pas faciles à dire. Des « je t'aime » qu'on aimerait entendre plus souvent mais qui ne viennent pas, et qui ont laissé place à la colère et aux cris. Un homme vient de sortir de prison et est forcé de retourner vivre chez sa mère le temps qu'il retrouve un travail. Il va découvrir que cette dernière est gravement malade et souhaite s'euthanasier.
À la vue de ces premières lignes, Quelques heures de printemps fait peur par son scénario glauque et pathétique. Mais on se rend vite compte qu'avant d'être un film porté sur la maladie, c'est une histoire basée sur des relations tumultueuses entre une mère et son fils.
D'une justesse irréprochable, cette mise en scène est minimaliste mais paradoxalement très généreuse. À chaque instant, elle tente d'approcher la vérité grâce à des plans séquence aussi simples que réussis. À l'image de Je ne suis pas là pour être aimé, Stéphane Brizé porte son regard sur des gens qui n'arrivent pas à communiquer et à montrer leurs sentiments, où cette pudeur se transforme en maladresse puis en colère, jusqu'au jour où il est trop tard pour faire marche arrière.
On assiste à un très beau film qui prend le spectateur et dévoile des acteurs (Lindon et Vincent étant au sommet de leur art) qui donnent beaucoup en nous offrant un jeu sans fioriture, pur et terriblement sincère. Ici, les silences sont plus importants que n'importe quel mot et c'est à l'intérieur du mutisme des personnages qu'on peut trouver des réponses, dans ces non-dits que l'intensité prend tout son sens. Il suffit de quelques heures de printemps pour voir une vérité, aussi infime soit-elle, éclater au grand jour.
Voilà l'exemple le plus représentatif de ce que nous savons faire de mieux : filmer cette simplicité qui a finalement beaucoup de choses à dire. Peut-être le meilleur film français de l'année.
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