Ca ne vaut pas trempette !
Ma précédente vision du film date de plus de 15 ans, donc de l'ère VHS. Maintenant, je l'ai revu grâce au Blu-Ray, et si la différence entre les toons et les humains se voit un peu plus, Roger Rabbit reste un film grandiose, véritable définition du cartoon animé, et plus adulte qu'il n'y parait.
Aujourd'hui, les influences me paraissent plus manifestes, et j'y vois aussi bien celle des polars des années 50 (avec un Bob Hoskins grandiose) que celle, plus inattendue, de Chinatown, avec la partie consacrée à Cloverleaf. Près de 25 ans plus tard, le film n'a pas pris une seule ride, avec cette technique ahurissante de la cohésion entre les personnages animés et les humains, mais qui se fait parfaitement. Le film utilise énormément de personnages issus de Disney ou de Warner, quelquefois pour quelques secondes (Titi, Bugs Bunny, Mickey, Donald, Droopy...), mais certains moments sont très drôles, comme la scène de piano entre les colériques Daffy Duck et Donald. Pour l'ambiance, on est dans l'univers Acme avec des objets tout droit sortis de leurs cartoons.
Par contre, les personnages tous crées pour le film sont un modèle de subversion ; Roger Rabbit est une version boostée d'un Tex Avery, Herman est un bébé qui aime bien claquer les fesses des femmes et à déplorer qu'il a un zizi de bébé (ce qu'il est), et surtout, Jessica Rabbit est à la fois un défi technique (sa première apparition au cabaret est magnifique), et aussi pour la morale ; elle sous-entend qu'elle aime le sexe, roule sans arrêt du derche, laisse rebondir sa poitrine avantageuse, et comble du bonheur, déclame que son mari, Roger, est son détroit de Gibraltar. Mais c'est un film qui peut être vu par les enfants pour son côté cartoon, mais il est noté de sous-entendus sexuels tellement évidents qu'il est incroyable que Disney ait laissé passer tout ça.
Du coup, les seuls humains vraiment représentés sont Eddie Vailant, détective bougon à la Humphrey Bogart, et le Docteur DeMort, le méchant de l'histoire, très bien joué par Christopher Lloyd.
Robert Zemeckis a sans doute dû donner du mal aux animateurs, car sa mise en scène est à la fois rapide dans les scènes où interviennent les toons, et plus calme, à l'image des polars, quand est présent Eddie Vailant.
J'ai été fou de joie de revoir ce film, que je trouve formidable, avec son scénario en tiroir, où au fond chacun peut y voir ce qu'il veut ; un cartoon déjanté ou un polar, mais c'est une grande réussite.