Dans une banlieue sinistrée par le pouvoir conservateur et dévorée progressivement par le chômage et la violence, les travaillistes sont impuissants.
Pour faire face à la crise et au désespoir, on assiste à une lutte en masse faite d'entraide, de solidarité et de petits trafics.
La débrouillardise est de mise pour laisse grisaille dehors et protéger les foyers qui sont de plus en plus en danger.
Les acteurs, tous non professionnels sont d'un naturel confondant.
Bob et son pote sont partis voler un mouton dans un troupeau de la campagne environnant Manchester et tenter de refourguer la viande.
Le drame se noue quand à la sortie d'un pub, le camion, source de travail et utilitaire vital disparaît.
Nous nous retrouvons là dans "Le voleur de bicyclette" avec la pluie et l'humour en plus. Les usuriers profitent de la misère et prolifèrent. Bob se raccroche à son bonheur familial comme une bouée de sauvetage et ne veut que réussir la communion de sa fille. Cette obsession va le pousser au drame.
La scène clé, pendant la quelle la femme et la fille de Bob préparent les gâteaux de la communion marque le tournant du film.
On passe à cette instant d'un film au coeur plutôt léger à une seconde partie noire, quasi documentaire. Le réalisme est entretenu par le scénariste du film qui raconte purement et simplement son vécu, le monde qu'il connait.
L'abandon des espaces publiques par les autorités (jardins à l'abandon, lieux communs sales et infrastructures vétustes) déteint sur la population. Aux "simples" soucis matériels vient se greffer la peur, l'angoisse physique qui s'empare de toute la classe ouvrière de l'époque.
Lors du drame, alors que la religion est présentée encore ici comme un simple dérivatif au système politique incompétent et destructeur, le prêtre sera la solution de repli.
Malgré les grandes qualités du film, la fin me laissera sur ma faim.