Critique : Rebelle (par Cineshow)
Alors qu'il a démarré son ascension du box-office américain en reléguant tout le monde derrière lui, le dernier né des studios Pixar se devait de remettre la barre au niveau après la chute pas si surprise que ça de l'an passé, le médiocre Cars 2. Pour ce faire, fini les suites (après Toy Story 3 et Cars 2) et place à une histoire originale, dans la plus pure tradition des chefs d'œuvre Disney puisque Rebelle n'est autre qu'un film de Princesse. Un retour aux sources depuis quelques années pour la maison mère qui en l'espace de trois ans a offert à ses spectateurs La Princesse et La Grenouille, Raiponce et aujourd'hui Rebelle (Brave en version originale). Un titre original qui fait d'ailleurs plus sens dans la durée du film même si sa « traduction » pour l'hexagone peut de prime abord paraitre adaptée. Alors que vaut ce 13e Pixar ? Ce n'était pas très dur mais le souvenir de la pantalonade de 2011 peut définitivement être oubliée. Malgré tout, Rebelle n'est pas vraiment le chef d'œuvre annuel que l'on avait l'habitude d'attendre. Et s'il remplit le job pour les plus jeunes, ce n'est malheureusement qu'en partie vraie pour leurs parents. Est-ce la production quelque peu chaotique du projet qui est à l'origine de cela (changement de réalisateur) ? Toujours est-il que si visuellement le film est une démonstration insolente de savoir-faire, sur le fond, on a connu Pixar plus inspiré.
A l'image de la promotion de Wall-E, Rebelle bénéficie d'un effet de surprise puisque le cœur de l'histoire, ses enjeux et son intrigue principale n'ont que peu ou pas été montrés dans les diverses bande-annonces et extraits. Un atout majeur pour le film qui développe la quête initiatique de la jeune princesse Merida, dont les aspirations ne sont pas vraiment compatibles avec la destinée concoctée par sa mère. Et ce n'est pas le tournoi des fils des seigneurs pour obtenir sa main (extrait complet disponible en bas de l'article) qui la fera changer d'avis. On en dira pas plus sur l'histoire pour ne rien spoiler mais sachez simplement que le film tourne autour de la relation mère-fille, du courage d'assumer ses choix, du courage de prendre sa destinée en main et d'en assumer les conséquences justifiant le choix du titre original. Un film sans « méchant » ou presque donc qui place son intrigue exclusivement sur la psychologie de ses principaux protagonistes. De ce point de vue, Rebelle est une vraie réussite et distille tout au long de l'heure trente pléthore de messages et sentiments universels dans un écrin visuel éblouissant, j'y reviendrai plus tard. Malgré tout, même si le film se place au-dessus de la moyenne générale, la finesse d'écriture n'est pas celle que nous avons jadis connue. Le déroulement classique malgré un rebondissement à mi-parcours reste assez sagement dans les sentiers balisés et l'on regrettera fortement de ne jamais être vraiment surpris.
Le long-métrage démarrait pourtant sous les meilleurs hospices puisque du début jusqu'au fameux évènement perturbateur au premier tiers, Pixar signait un sans-faute. Fin, drôle, éblouissant et épique (les plans où Merida chevauche son destrier à travers les forêts sont d'une beauté jamais vue sur un film d'animation), tout semblait présent pour que le chef d'œuvre soit au rendez-vous. Mais la faute un scénario un peu paresseux par la suite, Rebelle perd en intérêt tandis que la facilité parait clairement visible. C'est franchement dommage pour Pixar que l'on a vu plus à l'aise pour des choses pourtant plus complexes (Wall-E, Là-Haut...). Les sidekicks comiques seront d'ailleurs les meilleurs témoins de cette facilité d'écriture, l'humour tirant vers ce que l'on n'aimait pas chez Dreamworks (morve au nez des frères de Merida, blague cocasses et compagnie). Les sanctions sont immédiates : seuls les plus petits riront et on aura vite oubliés ces personnages dès la fin du film.
Pourtant, si le fond du film est sans doute la résultante des soucis internes au projet, la forme dépasse tout ce qui avait été précédemment fait quel que soit le studio. Alors que la concurrence semblait avoir comblé le retard technique (Dreamworks notamment), Pixar a visiblement remis ses équipes de R&D au travail pour agrandir le fossé technique. C'est bien simple, il y a l'avant et l'après Rebelle qui marque un nouveau pas tant la beauté Ecossaise se voit à chaque plan sublimée. Tout ce qui est organique est grisant de réalisme tandis que les arrières plans confèrent au film une profondeur visuelle et un délice pour yeux du début à la fin. Alors oui, la technique ne fait pas tout et un Pixar n'a pas vocation à n'être qu'une démonstration. C'est vrai, mais à ce niveau-là, ne pas le préciser relèverait du manque de goût certains. Pour autant, cette claque graphique ne compense pas complètement les problèmes scénaristiques évidents provoquant au final le sentiment en demi-teinte d'un Pixar honnête, au potentiel assez gigantesque mais à la finition en deçà des attentes. On en attendait clairement plus !
NB : le court-métrage précédant Rebelle est un petit chef d'œuvre. « La Luna » puisque c'est son nom s'apparente à une poésie numérique, splendide !