Il y a quelque chose de pourri au royaume d'Hollywood.

Les films cassant le rêve Hollywoodien sont légion ; si on retient surtout ce chef-d'oeuvre qu'est "Sunset Boulevard", il ne faut pas oublier ce film où l'on sent clairement que Blake Edwards règles ses comptes avec les Majors.

Clairement inspiré de plusieurs de ses mésaventures (comme le tournage houleux de "Darling Lili" ou "Deux hommes dans l'Ouest"), Edwards affiche un grand cynisme vis-à-vis de ce milieu hollywoodien, où un réalisateur veut retourner une version porno d'une comédie musicale juste pour lui assurer un nouveau succès...alors qu'il n'a jamais connu l'échec au box-office !

Les acteurs sont tous épatants, de Robert Vaughn (qui s'est fait une tête à la Robert Evans), à Larry Hagman (oui, le J.R. de Dallas !), en passant par le cabotinage de Richard Mulligan, et le contre-emploi fantastique de Julie Andrews.
En effet, cette dernière joue la star de la comédie musicale qui fut un échec, et l'on sent qu'elle se régale à casser son image lisse de Mary Poppins, jusqu'à une scène inespérée où elle se décide à dévoiler sa poitrine, charmante par ailleurs.
Quant aux autres acteurs, je n'oublie pas Loretta Swit, et ce fut à la fois le premier "vrai" film de Rosanna Arquette (qui joue une délurée qui ne veut que se faire bronzer nue, ce qui lui vaudra denous montrer sa poitrine également), et le dernier rôle de Willem Holden, qui mourra peu de temsp après.

Blake Edwards oblige, on y retrouve du burlesque, surtout chez Richard Mulligan, qui voudra au départ de suicider par tous les moyens, en s'enfermant dans un garage dans une voiture en marche pour tenter de s'étouffer (et qui finira dans la mer), à une scène de pendaison anthologique, dans un moment qui rappele un peu "The party", car tout se passe dans une soirée gay-sm assez déjantée, et où la pauvre Loretta Swit en fera les frais.
Plus étonnant, on y retrouve une poursuite en voiture, faisant clairement référence à "The blues brothers", dans la manière de provoquer des tonnes d'accidents de la façon la plus exgérée possible.

Malgré ce ton drôle qui parsème ce film, ça reste quand même assez amer de la part d'Edwards sur Hollywood, ne serait-ce que par le titre, qu on peut expliquer de trois façons (qui sont dites dans le film) ;
- conneries habituelles, en parlant de ces films sans âme réalisés à la chaine par des tâcherons
- un business orienté vers le cul, ce qui est une idée du réalisateur de la comédie musicale, qui veut prouver qu'en modifiant l'orientation de son film musical avec de nouvelles scènes porno, il fera le plus gros tabac jamais fait à Hollywood
- son of a bitch, dont je pense que ça n'est pas la peine de traduire...

Le cynisme d'Edwards culmine dans un moment à la fois drôle (jaune) et cruel ; au début du film, un homme fait son jogging à côté de la mer, accompagné de son chien. Malheureusement, il va faire une attaque, qui va le contraindre à s'allonger, et personne ne songera à le sauver.... car on croit qu'il fait la sieste, malgré les aboiements du chien qui demande l'aide pour sauver son maitre.
Ca n'est que plusieurs jours plus tard qu'on daignera s'occuper de lui.car on croit que son chien, aboyant sans cesse, était fou, et isl remarqueront ce corps sans vie, dont sa disparition sera évoquée dans le film avec une extraordinaire ironie !
Toute la morale de l'histoire est là ; à Hollywood, si vous vous prenez un bide, peu importe ce que vous avez fait auparavant, vous n'êtes rien pour les autres ! Quant on voit les échecs d'Edwards, éclipsant ses nombreuses réussites, ça a de quoi rendre perplexe...

Avec toute cette dythirambe, je relève tout de même une certaine baisse de régime dans le dernier quart, où l'histoire semble sévèrement patiner et où Edwards semblait avoir tout dit en 90 minutes, mais c'est un film d'une grande justesse, très dur sur Hollywood vu par un réalisateur meurtri, et ça donne un grand film "contre" Hollywood !
Boubakar
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le 22 juil. 2012

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Boubakar

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