Sans titre
6.7
Sans titre

Court-métrage de Leos Carax (1997)

En 1997, le Festival de Cannes fête son cinquantième anniversaire et demande par la même occasion une "carte postale" de Leos Carax, comprendre un court "où il donnerait de ses nouvelles".
En résulte une œuvre hybride, qui commence par un petit bout de film en noir et blanc fixant le public d'une salle de cinéma - même chose que pour Holy Motors - qui donne alors le ton : Carax n'a pas fait de films depuis Les Amants du Pont-Neuf, en 91, il revient, il n'a que huit minutes. Huit minutes, faites de fulgurances et de douleurs couchées sur l'écran, tristesse et cinéphilie, beauté et douleur terrassante : tout Carax, tout son univers ressort ici par bribes et épanchements dans sa forme la plus pur.
La solitude mythique du cinéaste nous est présentée sans chichis, son incompréhension du monde dans lequel il vit, cette douleur, cette vision torturée et écorchée des choses, cette poésie romantique poussée dans ces derniers retranchements.
Il est question, dans Sans titre, de bribes de films fantômes inconnus ; de la plus belle scène jamais tournée - l'escapade des enfants, La Nuit du Chasseur - ; d'esquisses étranges de son prochain film, Pola X ; de mouvements incontrôlés ; du corps de Carax himself, couché sur son lit, sur le ventre, détourné du regard de ce monde qu'il ne comprend pas, plongé dans sa nuit belle et sombre. Il y a des sons intenses, des images douloureuses, des explosions, une douleur qui tambourine et coule dans les tympans comme la lave rouge qui apparait alors. Des images déformées de Cannes, vues depuis le haut du tapis rouge, probablement filmées par un homme effrayé qui est devenu un monstre.
Il y a le cinéma tout court et celui de son auteur, qui se mêlent, s'entremêlent ; bref, c'est tout et rien à la fois, et c'est assez chouette.
B-Lyndon
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le 29 avr. 2013

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B-Lyndon

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