Le moins que l'on puisse dire, c'est que Schizophrenia n'est pas un film à mettre entre toutes les mains. D'ailleurs, pour refroidir les gens, on peut y voir la matrice de films comme Funny Games, ou ceux de Gaspar Noé (qui se réclame comme un admirateur).

C'est plutôt court (1h15, en excluant le prologue), mais c'est c'est assez éprouvant, car on rentre dans la tête d'un psychopathe qui, sorti de prison, ne pense qu'à remettre ça et à tuer encore et toujours.
Le parti-pris du film est qu'on ne lâchera jamais cet homme, interprété de façon incroyable par Erwin Leder, qui nous raconte l'histoire à force de voix-off. D'ailleurs, le film en lui-même est assez peu bavard, les images parlent largement.

Tout comme Shining, qu'on pourrait comparer dans le registre de la folie, il y a un système de caméra qui est arnachée aux acteurs, et le souvent sur Leder.
Ça donne un système vertigineux, presque subjectif, où on est dans sa peau, où tout le décor semble tourner sauf lui, comme pour suggérer d'un poing ferme cette folie qui le contamine.
Car, au fur et à mesure de l'histoire, il s'imagine comment tuer ses victimes, et la façon fantasmée dont il compte le faire. Bien entendu, la réalité sera loin de ses espérances, ce qui va le plonger dans une grande folie qui va le pousser encore plus loin.

La musique est omniprésente, et comme chez Gaspar Noé, elle joue un rôle assez étrange dans le sens où elle est souvent constituée de nappes répétitives et oppressantes, de sorte à être dans une ambiance où l'on ne se sent pas bien.
D'ailleurs, c'est un état presque épuisé que l'on sort de ce film, qui est vraiment âpre, mais très intéressant dans sa technique, qui sert son sujet dans le sens de rentrer dans la tête d'un psychopathe.

Tout comme Funny Games, la violence est assez peu présente, sauf une seule fois, où quand ça fait, ça fait très très mal, et où elle dure. Là aussi, il y a une idée de sadisme, de souffrance pour les victimes, la violence montrée n'est pas celle montrée dans le cinéma.

Étrangement, il y a aussi une sorte d'humour noir, car le chien des victimes est un petit teckel qui provoque involontairement un sourire, car il a l'air d'être le seul à ne pas comprendre l'horreur de la situation, jusqu'à s'amuser avec un dentier en guise d'os !

Si le film m'a globalement intéressé, je dois dire que sa laideur plastique, à l'allemande dirais-je, est presque repoussante. C'est peut-être dû aux conditions de tournage pour le moins compliquées, mais c'est pas beau à voir.

Premier, et dernier film du Gerald Kargl, Schizophrenia est âpre, difficile, éprouvant, mais qui est largement payant dans la démonstration de la psychologie du personnage.
Boubakar
7
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le 21 sept. 2013

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Boubakar

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