Leçon de cinéma

Il y a des jours où une simple séance vous met en joie pour le reste de l'année cinéma. Si je plains désormais les futurs candidats au titre de meilleur film de 2015, j'ai également hâte de découvrir les challengers tant Shaun le mouton affiche une santé créative hors-normes, de celles qui donnent un sourire béat durant toute la projection.

L'argument du film muet contraint en effet les studios Aardman à penser intégralement l'aventure via une narration visuelle, les personnages s'exprimant au mieux en borborygmes dont on perçoit deux-trois mots de vocabulaires à l'occasion. Du coup, les auteurs n'ont de cesse d'exploiter les possibilités du médium, toutes les informations passant par les divers enchaînements de plans, le tempo alloué à chaque séquence ou encore le placement spécifique des personnages dans le cadre. Petit prodige de construction scénique, le film dans son entier impressionne par sa virtuosité formelle autant qu'il émerveille par son sens du gag.

Travail d'orfèvre dont l'animation en stop motion et le montage sont incroyablement expressifs, Shaun le mouton : le film regorge d'idées, d'une ouverture brassant une foule d'habitudes quotidiennes à une scène de repas proprement hilarante. Divertissement idéal doublé d'un modèle de pureté cinématographique où image et son se suffisent à eux-mêmes, le long-métrage fait montre d'un soin maniaque qui se doit d'être apprécié sur grand écran.

Émaillée de références parfaitement intégrées au récit (Le Silence des agneaux, Les Beatles...), l'aventure profite d'un rythme qui n'a rien à envier aux meilleurs Buster Keaton. Mignon à croquer, hilarant et d'une maîtrise insolente. Shaun le mouton : le film, on y va pour se détendre et l'on y prend une véritable leçon de cinéma : quel bonheur !

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