Barre de rire saignante

Que ça fait plaisir de se retrouver devant ce genre de grosse récréation, complètement assumée en tant que divertissement d'où transpire une réelle envie de rendre hommage à un genre bien particulier. Avec Shaun of the dead, du titre jusqu'à son noyau, tout est réuni pour porter haut dans nos coeurs ces films de zomblards qui habitent nos soirées les plus déviantes. Bon nombre de références propulsant l'histoire sont des clins d'oeil directs à l'oeuvre la plus célèbre en matière de morts sur pattes, à savoir l'excellente trilogie des morts vivants du maître Romero. Sans que la connaissance de cette dernière soit indispensable pour apprécier le film, elle permet à l'initié de s'amuser encore plus. Pour ma part, je me suis fendu la poire comme rarement devant cette comédie horrifique qui est à mon sens ce qui ce fait de mieux à l'heure actuelle.

On y sent en effet une inspiration sans bornes, autant qu'on y devine sans mal le travail d'imprégnation auquel s'est livré Edgar Wright pour écrire son script, tant il contient l'essence du genre, tout en s'en détachant pour devenir un objet original et singulier. C'est bien là toute la puissance du film, cette capacité à se rendre unique tout en s'accaparant les gimmick ultra connus d'un genre qui a depuis longtemps été pompé jusqu'à la moelle par des faiseurs plus ou moins habiles. Shaun of the dead nous fait donc la belle surprise de n'être jamais à court de ressources pour propulser son histoire, mais il fait également bien plus. Edgar Wright possède un réel savoir faire en matière de mise en scène, et le met à l'épreuve tout au long de son film. Les séquences s'enchaînent avec fluidité et les effets visuels impressionnent, ce qui n'est pas chose facile lorsqu'il est question de faire dévorer, à un zombie, un humain encore vivant. Dans Shaun of the dead, tout parait naturel car ce réalisme qui se paye le luxe de ne jamais être gore, est associé à un élan comique omniprésent : les deux combinés font des étincelles. En plus d'inspirer beaucoup de respect, cette combinaison permet surtout à Edgar Wright de ne pas uniquement rester dans la farce pure, ce qui élève véritablement son film.

Pour parfaire le tableau, Shaun of the dead est porté par des comédiens talentueux qui ont la ganache parfaite pour provoquer le rire. Le duo Frost/Pegg marche du tonnerre, leurs seules tronches suffisent à faire glousser. Toute la troupe qui les accompagne semble prendre autant de plaisir que les deux principaux intéressés, ce qui se ressent beaucoup à l'écran. Le film baigne en effet dans une vague de bonne humeur communicative qui contribue à cette décontraction apaisante qui habite le cadre.

Peu d'ombres au tableau à relever en fin de bobine. Et si elles sont bien présentes, on est bien incapable de les citer sans paraître bien ingrat envers ce pur moment d'amusement qui nous a été offert. Un film réussi, aussi bien formellement que dans ses intentions, ce qui est suffisamment rare pour être apprécié à sa juste valeur. La découverte de cet hommage assumé a été tardive dans mon cas, mais l'attente valait le coup. Shaun of the dead se place en effet sans délai dans cette short list de feel good movie qui peuplent mes références.