Très agréable découverte d'un film plein de couleurs, mais également à la vaste profondeur des ténèbres par moments. Sans tomber dans les excès de la larmichette pathétique ou de l'optimisme béat, le film charrie son lot d'émotions et de réflexions.
Les personnages sont loin d'être des stéréotypes de névrosés. Tout le monde a une patte cassée, c'est clair, mais chacun sans trop juger l'autre essaie de sortir la tête de l'eau. Certains plus touchés que d'autres ont plus de mal.
Ce qui étonne, outre la proposition formelle extrêmement gonflée que nous fait le réalisateur c'est à dire montrer la réalité dans ce qu'elle a de plus intime (les actes sexuels non simulés) puisqu'il s'agit bien d'un film sur les souffrances liées à l'identité, à la sexualité, à l'amour, au désir, à l'accomplissement et l'épanouissement de l'être humain sur d'autres valeurs que celles de la religion, ce qui étonne donc c'est que les acteurs pour la plupart amateurs ou quasiment puissent donner autant (je ne parle pas de l'implication physique et sexuelle cette fois). Les performances d'acteurs m'ont parfois bluffé. Il n'y a guère que deux ou trois scènes qui m'ont dérangé (la montée de colère de la thérapeute allant jusqu'à gifler un patient et la fiesta finale aux allures de Hey Jude partouzesque proche du happy-end un brin poseur).
Ce film new-yorkais est jalonné de bonnes répliques, de situations assez drôles, et de personnages plus que touchants, profondément denses, sensibles, ayant manifestement des choses à raconter, et par conséquent d'une générosité très émouvante. On pense à Allen forcément.
Le traitement de cette histoire adopte un humour presque constant, d'une fraîcheur vivifiante. Quel plaisir de voir un film sur la sexualité, qui ne soit ni triste, ni moralisateur! Qui plus est, s'attachant à filmer la sexualité explicite sans une poussière de pornographie à l'horizon, voilà un pari réussi, admirablement. Le sexe y est gai, parfois triste, mais au final d'une profonde humanité et justesse. Il n'est pas une seconde un objectif, mais plutôt un medium, une passerelle, entre des états d'âme, des pas dans la vie, pour grandir.