Shutter Island par BilbureLeJoyeux
Martin Scorsese signe avec Shutter Island, un film crissant et oppressant à souhait. Deux US marshals débarquent sur une île vaporeuse, perdue au milieu de nul part, pour enquêter sur la disparition pour le moins irréelle d'une patiente de l'hôpital psychiatrique local. Dès leur arrivée, les regards sont fuyant, parfois soupçonneux, souvent inamicaux. Le réalisateur fait voyager sa caméra sur les visages crispés et hagards des patients qui regardent les deux inspecteurs comme s'ils sortaient d'outre tombe. La musique est grinçante, à l'image du dérangeant « Shining » de Stanley Kubrick. L'enquête semble s'enliser dans les méandres des non-dits et la méfiance du personnel peu coopératif. Cependant, le rythme du film n'en pâti pas pour autant. Léonardo DiCaprio livre une performance parfaitement huilée qui souligne avec virtuosité les forces et les faiblesses de son personnage constamment hanté par la perte de sa femme et les horreurs de la guerre. Son second, joué par l'impeccable Mark Ruffalo, est tout en retrait, toujours un pas derrière comme filet de sécurité pour son supérieur perpétuellement sur le fil. La pression monte jusqu'à la dernière minute, l'étau se resserre sur l'enquête, les protagonistes s'enfoncent un peu plus dans la folie qui imprègne les lieux et c'est pieds et poings liés que le spectateur attend la sueur au front, le coup de grâce final. Le film est perturbant, fuligineux et c'est les mains encore moites que le spectateur ressort de la salle de cinéma.